En rapportant le récit de l'interprétation des rêves de Pharaon par Joseph, le Coran légitime l'oniromancie qui va occuper une place importante dans la culture des peuples musulmans. Certes, le rêve exprime les passions de l'âme et les bas instincts, mais il est aussi un moyen de communication avec l'au-delà. Le Prophète dira que la vision véridique — al-ru'ya al-s'addiqa —, est le plus bas degré de la prophétie et lui-même a commencé sa mission par des visions prémonitoires — mûbashirât — qui s'expliquaient clairement à son réveil. Cette expérience déterminative de sa vie lui fera dire que «le rêve est un quarante-sixième chaâba de la prophétie» (rapporté par al-Boukhari). Les termes par lesquels le Coran désigne le rêve sont hulm et ru'ya. Ils signifient à la fois «sommeil» et «songe», mais ils sont utilisés dans des contextes et avec des sens différents. Le mot hulm, pluriel ‘ah'lâm signifie «vision chaotique inspirée par le démon». Ce sens apparaît particulièrement dans le verset où les païens accusent le Prophète d'être un illuminé : «Ce sont des visions confuses (ad'ghatu ‘ah'lâmin), il l'a inventé (le Coran), c'est un poète. Qu'il vienne plutôt vers nous, avec des miracles comme faisaient ceux qui ont été envoyés avant eux» (Coran, sourate 21, v. 25) Le mot ru'ya a, au contraire, un sens positif et s'applique essentiellement à la vision inspirée par Dieu.