Pour l'Algérie, nation et Etat, le soutien à la lutte du peuple palestinien, à sa résistance, à toutes ses factions sans distinction, à l'autorité légitime élue par les Palestiniens, à ses choix stratégiques de paix et de guerre, de négociations ou de rupture de tout contact avec Israël, la position n'a pas changé depuis 1916 lorsque Omar Racim avait attiré l'attention du monde sur les projets de division de la Palestine, sur le danger du traité franco-britannique et sur la promesse de Balfour faite aux Juifs. Les Algériens établis en Palestine depuis les différents mouvements migratoires qui avaient commencé en 1870 après la défaite de la révolte d'El Mokrani, ont pris les armes en 1924 pour combattre les milices sionistes, puis en 1947 pour combattre les armées israéliennes en formation conduites par Ben Gourion, Moshe Dayan, Yitzhak Rabin… En 1967, l'Algérie a envoyé les meilleurs de ses hommes, notamment ses fameux commandos de Skikda pour combattre l'invasion israélienne de l'Egypte et l'occupation du Sinaï. Beaucoup n'en sont pas revenus et l'armée israélienne en a reconnu le courage, la bravoure et le sens du sacrifice. En 1973, l'Algérie a encore mobilisé ses troupes, ses moyens militaires et financiers pour mener aux côtés d'autres armées arabes la guerre des Six-Jours. Mais les trahisons arabes et les compromis de Sadate ont rendu vaine toute cette solidarité. Quand en 1993, Arafat et Rabin ont signé, à Washington, l'accord de paix d'Oslo, certains pays arabes se sont empressés d'ouvrir des représentations diplomatiques israéliennes dans leur capitale, l'Algérie s'est refusée par principe à se laisser entraîner dans une euphorie circonstancielle et a déclaré qu'aucune normalisation n'était possible avec Israël avant la réalisation d'une paix globale avec la Palestine en tant qu'Etat souverain, avant la récupération du Golan par la Syrie, avant l'évacuation du Nord-Liban par Tsahal, y compris des fermes de Chabaa. La suite des événements et les développements sur le terrain ont donné raison à la position algérienne dans la mesure où l'Algérie ne se fait aucune illusion sur les intentions d'Israël et ne croit pas aux promesses et aux discours politiques. Pourtant, l'Algérie a soutenu sans réserve la démarche de l'Autorité aussi bien sous Arafat que sous Abbas. Lorsque le Fatah et Hamas se sont affrontés politiquement puis militairement, l'Algérie s'est interdit de soutenir une faction contre une autre, préférant rappeler aux frères palestiniens qu'ils se trompent d'ennemi et que leurs armes se trompent de cible. Quant aux Algériens, toutes tendances confondues, ils portent la Palestine, sa cause, son combat, son idéal dans leur cœur et ils l'ont montré à chaque fois que l'occasion de le faire se présente, comme l'invasion barbare par la machine de guerre sioniste de Ghaza, qui a mobilisé toutes les catégories sociales au-delà de la classe politique. Boumediene n'avait fait que traduire le sentiment des Algériens lorsqu'il avait lâché sa fameuse phrase : «L'Algérie est avec la Palestine, qu'elle soit agresseur ou agressée.» A. G.