Depuis plus d'une trentaine d'année, le fanatisme revient en force et s'impose comme motivation atavique et/ou malintentionnée aussi bien en Orient qu'en Occident. En fait, les relations internationales censées êtres régies par le droit international, le principe d'intérêts et de respect mutuels, sont sous-tendues par l'exacerbation des différences historiques, ethniques, raciales, culturelles, cultuelles et civilisationnelles. L'occido-centrisme a, de tout temps, servi de référence cosmologique et a façonné la vision que des ccidentaux se font du reste du monde. Cette vision de supériorité génitrice d'une attitude méprisante, a alimenté la littérature esclavagiste, colonialiste et néocolonialiste pour s'ériger implicitement en historicité absolue pour l'Occident. Aujourd'hui, comme la négritude jadis, l'islam et ses symboles sacrés font l'objet d'atteintes répétées de la part d'officines haineuses et fanatiques qui justifient par leur profanation intentionnelle, les répliques fanatiques et dramatiques chez les musulmans, eux aussi manipulés par des cercles obscurantistes. Dans le même Occident où des illuminés s'en prennent gratuitement aux symboles d'autres peuples, d'autres nations, d'autres communautés, il y eut une levée de boucliers et des réactions aussi ataviques contre La dernière tentation du Christ, qui avait au moins le mérité d'être une œuvre artistique de haut niveau technique et historique. Le même Occident réagit avec force contre la profanation de cimetières juifs et accuse d'antisémitisme toute personne qui critique l'Etat d'Israël ou renie la Shoah. Le monde aujourd'hui est loin des approches scientifiques et historiques comme celles de Maxime Rodinson et ses célèbres et sérieux écrits sur l'Islam. La haine nourrit la haine et produit la violence des masses facilement manipulables. Cette énième provocation irresponsable est justifiée par la liberté de création artistique comme si le navet Innocence of muslims était une œuvre cinématographique. Il s'agit d'un film débile, d'une médiocrité affligeante qui n'a fait que jeter de l'huile sur le feu, dans un contexte de tension entre l'Orient et l'Occident. Dans ces deux aires culturelles dont les antagonismes objectifs sont alimentés par des intérêts divergents de domination et d'affranchissement, les fanatismes sont entretenus et nourris par les discours politiques et par les ingérences incessantes de l'Occident dans les affaires des pays musulmans au nom des droits de l'Homme, de la démocratie et autres valeurs qui servent de Cheval de Troie. Les conséquences du navet de Sam Bacile, un apprenti réalisateur au service d'Israël, risque d'aller au-delà d'un simple incident diplomatique entre la Libye et les Etats-Unis qui ont dépêché des troupes de Marines à Benghazi. Le paradoxe dans toute cette affaire c'est la mort absurde de l'ambassadeur du pays qui a aidé la Libye à se défaire de Kadhafi, dans la première ville rebelle, par ceux-là mêmes qui portaient haut hier le drapeau américain à côté du nouveau-ancien drapeau de Libye.