Le nouvel émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a rencontré, hier, à Damas, des membres de l'opposition syrienne qui n'a pas quitté le pays et ce, la veille de sa première rencontre avec le Président Bachar al-Assad. M. Brahimi, qui a débuté jeudi sa première visite en Syrie, devait s'entretenir dans l'après-midi d'hier avec une délégation du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (Cccnd), qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes. «Nous coopérerons avec (M. Brahimi) car la violence a atteint des niveaux (inouïs) et le peuple syrien souffre des tueries, des destructions et de l'exil», a déclaré Hassan Abdel Azim, porte-parole du Cccnd, toléré par le régime. A son arrivée à Damas, M. Brahimi, qui doit rencontrer M. Assad aujourd'hui, a estimé que la crise syrienne «s'aggrave», selon des propos rapportés par l'agence officielle Sana. Lors d'un entretien avec le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, jeudi soir, l'émissaire, qui a succédé le 1er septembre à Kofi Annan, démissionnaire, a souligné qu'il «n'épargnera aucun effort pour trouver une solution». M. Mouallem l'a assuré de son côté de «la pleine coopération de la Syrie pour faire aboutir sa mission», selon Sana. Le ministre syrien a jugé que toute initiative pour régler la crise devait tenir compte de «l'intérêt du peuple syrien et de sa décision libre, loin de toute intervention étrangère». Pour M. Mouallem, «malgré la difficulté, le succès de la mission de M.Brahimi dépend du sérieux de certains pays qui lui ont conféré son mandat, et de leur volonté d'empêcher d'autres pays qui abritent et arment les terroristes de le faire». Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé, pour sa part, que le régime de Bachar al-Assad s'approchait de sa «fin inévitable». «Nous devons dire non à ce drame, ne pas permettre aux flammes de s'emparer de la région entière», a-t-il martelé. Il a souligné que le régime syrien était «dictatorial» et affirmé que «l'unique objectif (de la communauté internationale) est de faire en sorte que la Syrie devienne démocratique, dans le respect de son intégrité territoriale». La veille, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait aussi jugé que le régime Assad était «condamné». Alors que les rebelles ont réclamé à plusieurs reprises à la communauté internationale des armes, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé que «la France ne fournit pas et ne fournira pas d'armes à l'opposition syrienne». Il a également jugé irréaliste la création de «zones d'exclusion aérienne» sur tout ou partie de la Syrie, comme le réclament des opposants syriens. Le Pape Benoît XVI, arrivé ce même jour à Beyrouth pour sa première visite au Liban, a rejeté le fondamentalisme et appelé à la tolérance. Cette visite, la deuxième de Benoît XVI au Proche-Orient après la Terre sainte en 2009, est l'un des voyages les plus délicats du souverain pontife, âgé de 85 ans. Il a saisi l'occasion de cette visite, pour réclamer la fin des livraisons d'armes à ce pays. «L'importation d'armes doit cesser une fois pour toutes. Car sans importation d'armes la guerre ne pourrait continuer», a-t-il déclaré aux journalistes dans l'avion qui le menait à Beyrouth.