En fait, ce qui se passe au sein du FLN depuis l'avènement du mouvement des redresseurs, est le parfait reflet de ce qui se passe dans le pays. L'incompétence, la médiocrité et le clientélisme dominent la vie politique, économique et sociale de l'Algérie. Parce que le FLN est le réservoir des dirigeants des institutions, les luttes intestines pour la promotion sociale se multiplient, sans que ces luttes soient sous-tendues par un débat d'idée, par une confrontation de programmes politiques. Les putschs se suivent et se ressemblent et rien ne les explique à part le clientélisme et l'offre de service. Est-il normal que le parti qui domine les assemblées élues nationales et locales en arrive à ce stade de crise morale sans que les citoyens qui le mandatent ne comprennent les tenants et aboutissants de cette tragicomédie qui se répète à l'approche de l'échéance des présidentielles. Qui tirent les ficelles de ce parti réduit à un simple appareil électoral qui obéit au doigt et à l'œil de ceux qui le manipulent à volonté ? Au moment où les Algériens s'attendent à la moralisation de la gouvernance et de la gestion des affaires publiques, au moment où ils attendent le nettoyage des écuries d'Augias à travers une opération «mains propres», l'écartement des incompétents des postes de commandes à tous les niveaux et dans tous les secteurs, au moment où ils s'attendent à la réhabilitation des compétences, les directions du FLN et du RND ouvrent les hostilités et se disputent le pouvoir, non pas à travers un débat d'idées autour de projets de société dont le pays à tant besoin, mais pour un positionnement opportuniste dans l'espoir de soutenir El Mehdi en 2014. Aujourd'hui, l'ombre de Saïdani plane sur le FLN. L'ex-président de la chambre basse du parlement, a pourtant été interdit de quitter le territoire national en 2008 en raison des accusations portées contre sa personne dans l'affaire de la Générale des concessions agricoles (GCA) dont l'instruction est ouverte au niveau des tribunaux de Djelfa et de Ouargla. Il serait impliqué dans une grosse affaire de dissipation de deniers publics au sein de la GCA de Djelfa. Les informations rendues publiques à l'époque, ont fait état de sa convocation dans le cadre de cette affaire le 23 juin 2007 à comparaître devant la chambre d'instruction près le tribunal de Djelfa, mais il n'a pas répondu à la convocation. Cette affaire, qui a éclaté vers la fin de l'année 2006, porte sur des délits de passation de marchés contraire à la législation, contrats fictifs, faux et usage de faux et paiement par anticipation à la réception d'ouvrages. Selon l'instruction de cette affaire qui n'a jamais abouti, des fonds destinés au financement de projets entrant dans le cadre du développement de l'agriculture rurale ont été détournés au profit de nombreux entrepreneurs privés sans qu'aucune réalisation ne soit effectuée par la suite. Après la découverte du pot aux roses, cette affaire, qui a touché d'autres wilayas du Sud dont Ouargla, a été mise en branle, au début de l'année 2007, par le ministère des Finances, suite à des inspections effectuées par l'IGF et la Cour des comptes pour lever le voile sur un trafic ayant généré d'importantes pertes financières au Trésor public. C'est ainsi que l'IGF avait fait état, dans son rapport adressé au ministre de l'Agriculture, de nombreuses malversations, notamment des doubles paiements de situations de travaux jamais réalisés et des trop-perçus de rémunérations. Ce dossier fait état d'une dilapidation de 4 000 milliards de centimes, dont 140 concernent la wilaya de Djelfa, et Amar Saâdani était mêlé à cette affaire par sa société écran Al Karama. L'affaire s'était soldée dans un premier temps par l'inculpation de 46 personnes, parmi lesquelles 5 ont été placées sous mandat de dépôt. Les chefs d'inculpation retenus contre elles sont, entre autres, «faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics, passation de contrats en violation avec la réglementation en vigueur et perception d'avantages illicites». Au moins 140 cadres de la GCA et près de 300 entrepreneurs sont concernés par les chefs d'inculpation de passation de marchés contraire à la législation, contrats fictifs, faux et usage de faux et paiement par anticipation à la réception d'ouvrages. A ce jour, il y aurait au moins une dizaine de personnes qui ont été mises sous mandat de dépôt dont les ex-directeurs de la GCA de Djelfa et de Ouargla. Cette affaire qui a été jugée en janvier 2013, ne s'est intéressée qu'à des lampistes et Saïdani n'a jamais été inquiété. Est-ce une raison pour que le Comité central du FLN lui offre sa confiance ?