Samir Ould Ali L'université d'été du Mouvement Populaire Algérien -qui s'est achevée hier sur le renouvellement du soutien du parti à une éventuelle candidature du président de la République à un 4e mandat- a été l'occasion d'un débat sur la situation économique de l'Algérie, animé par Abdellatif Benachenhou, économiste et ancien ministre des Finances, Réda Hamiani, président du FCE, et Lakhdar Badreddine, syndicaliste de l'Ugta. Les trois intervenants ont été unanimes à reconnaître que le tableau n'est pas réjouissant en dépit des efforts et des dépenses (parfois maladroites selon M. Benachenhou) : l'économie se caractérise par une croissance molle, le climat d'affaires est très peu encourageant, il n'existe par d'économie productive et les importations ont augmenté de manière drastique (de 10 milliards de dollars en 2003, elles sont passées à 60 milliards cette année 2013). Et toutes les mesures qui ont été prises jusqu'ici pour l'émergence d'une économie viable n'ont pas eu les effets escomptés en raison de plusieurs facteurs dont la bureaucratie, la corruption ou encore l'absence d'un dialogue entre les décideurs et les opérateurs économiques. A quelques jours de la tenue de la tripartite ce 10 octobre, le FCE et l'Ugta ont naturellement profité de l'occasion pour rappeler leurs positions sur la problématique des importations et les moyens de relancer la machine économique. Pour Réda Hamiani, plutôt que de réintroduire l'autorisation des importations comme préconisé par l'Ugta -mesure qui pourrait compromettre l'entrée de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et mettre à mal l'Accord d'association avec l'UE ou celui de la Zone arabe de libre échange (Zale)- il faudrait penser à des mesures fiscales pour protéger la production nationale, notamment à travers les clauses de sauvegarde comprises dans les contrats, qui offrent des délais pour l'organisation de secteurs d'activité au niveau local. Objection que Badreddine a balayée d'un revers de la main en tonnant que «rien ne nous oblige à nous conformer à des engagements s'ils nous sont défavorables». Sur la relance économique, Réda Hamiani a estimé qu'il ne suffisait pas d'ouvrir une usine de textile pour espérer voir la naissance d'une production industrielle. «Avant tout, il faut d'abord conquérir le marché» et être capable d'offrir une marchandise de qualité comparable aux produits étrangers, dira-t-il. «En l'état actuel des choses, la relance est compromise par les produits étrangers et le marché informel. Il faut à tout prix assainir la sphère commerciale», ajoutera M. Hamiani. Et Badreddine de renchérir sur la nécessité vitale de protéger les travailleurs, mettre les cadres à l'abri du besoin et dépénaliser l'acte de gestion. Devant une assistance clairsemée et quelque peu dissipée, les intervenants ont également estimé que la tripartite n'était pas suffisante. «L'analyse de l'économie nationale mérite plus qu'une tripartie [...]. Elle ne se réduit pas à décréter la hausse du Smig ou la baisse des prix des produits de consommation», a notamment souligné Abdellatif Benachenhou. Lorsque la parole a été donnée au public, la majorité des interventions ont porté sur la nécessité de débureaucratiser l'administration, d'alléger les procédures et d'assainir la sphère commerciale. S. O. A.