Pour la première fois, depuis 2010, le Salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et du développement durable (Era), a regroupé au Centre des conventions d'Oran, du 28 au 30 octobre dernier, des entreprises et des instituts de recherche du secteur du bâtiment. Ainsi, le salon Era dans sa 4e édition a offert, selon Linda Oulounis, la commissaire du salon, l'occasion de s'informer des nouvelles techniques de construction à la fois innovantes et respectueuses de l'environnement. Il était ainsi question de mettre en lumière le développement de l'éco-construction en Algérie. Il est utile de signaler, à ce titre, qu'en Algérie le secteur de l'habitat consomme à lui seul plus de 40% du total de l'énergie exclusivement dépendant des énergies fossiles, d'après une étude lancée par l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue). Et selon l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME), la consommation d'électricité a plus que triplé au cours des trois dernières décennies. Cette tendance, selon l'OME, se poursuivra d'ici à 2025. Ainsi, la politique de l'habitat en Algérie, orientée récemment principalement vers la production massive de logements avec l'objectif d'atteindre des résultats d'ordre quantitatif, devrait, préconisent les spécialistes en la matière, s'orienter davantage vers la construction des bâtiments performants. Cela contribuera, sans doute, à la préservation de l'environnement grâce à une plus faible consommation énergétique, à l'utilisation de matériaux écologiques et à une diminution d'émissions en CO2. La construction des bâtiments performants permettra aussi d'utiliser de nouvelles sources d'énergie telles que les énergies renouvelables. Aujourd'hui, il est bien évident que l'Etat a pris conscience des enjeux de l'éco-construction, en enregistrant des avancées sur le plan de la législation (une loi et plusieurs décrets d'application ont été publiés à partir de l'année 2009), mais, selon les experts, beaucoup reste à faire dans ce créneau qui demeure peu développé. L'Algérie devrait ainsi s'engager encore plus dans l'investissement lié au développement durable, et spécialement à la construction écologique. Cela pourrait être bénéfique pour le pays dans la mesure où des gains socio-économiques pourraient être atteints, tels que la réduction de la facture énergétique des ménages et de l'Etat, et surtout la création des milliers d'emplois liés directement ou indirectement à la conception écologique. Les résultats du projet pilote MED-Enec de Souïdania, privilégiant l'utilisation de matériaux locaux et de sources alternatives d'énergie, ont clairement montré les avantages socio-économiques de la construction écologique. En effet, l'introduction des principes bioclimatiques, d'efficacité énergétique et d'intégration de l'énergie solaire dans ce projet ont permis de réduire la consommation énergétique du bâtiment de 56%. Aussi, l'utilisation d'adobes (briques de terre séchée), de la lumière naturelle, l'orientation optimale du bâtiment ou encore la ventilation naturelle en période estivale ont permis d'allier au sein d'un même projet les aspects culturel, écologique et économique. Il faut signaler que ce projet prototype s'inscrit dans le cadre d'un programme national visant la construction de 600 logements bioclimatiques dans 11 wilayas du pays, à savoir Alger (50 logements), Blida (80), Skikda (50), Mostaganem (82), Oran (80), Sétif (54), Djelfa (80), Laghouat (32), El Oued (36) et enfin Béchar et Tamanrasset (30) chacune. Il s'agit d'une opération qui a pour intérêt de passer d'un logement «énergivore» à un logement de «haute qualité environnementale» et de «haute efficacité énergétique» grâce à l'éco-conception et à l'introduction des principes bioclimatiques et d'efficacité énergétique. Le programme, finalisé à 100%, a engendré un surcoût de 300 000 DA sur chaque logement, dont 80% sont pris en charge par l'Aprue. En outre, 3 000 autres logements d'efficacité énergétique sont en étude et s'inscrivent dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014. Il est aussi, prévu la réhabilitation thermique de 4 000 logements déjà existants, toujours dans le cadre du même programme. Ces initiatives sont louables, soulignent les spécialistes qui n'ont toutefois pas manqué de signaler que l'éco-construction note un retard en Algérie. L'investissement dans ce secteur reste également très faible, selon ces spécialistes.En conclusion, l'éco-construction n'a pas encore sa place en Algérie qui peine toujours à résoudre l'équation (offre =demande). B. A.