Cette fois-ci, le Logimo est revenu sous le thème barbare de “Logement & développement durable''. Donc, du précaire, l'on passe au durable. Politiquement parlant, c'est facile. Mais, sur le terrain, il serait sans doute plus judicieux d'en finir d'abord avec le “durable” et ennuyeux dossier du “qasdiri'' (tous ces bivouacs en parpaing et tôle ondulée) qui continuent à défigurer l'environnement urbain de nos villes. Car, jusque-là, l'on n'a éradiqué que les lieux exposés aux regards, que certains yeux ne sauraient voir… c'est-à-dire, juste win ichouf Ahmed ! Une politique nationale se doit de couvrir, et de la même manière, tout le territoire. De l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud. Le bâtiment va mal ! “Logement & développement durable”. À travers ce slogan, le triptyque confort-qualité-prix a été l'un des objectifs assignés à ce salon. Mais, a contrario, le secteur bat de l'aile. Il souffre de ses propres bâtisseurs. On ne le dira jamais assez, le bâtiment va mal ! Et à tous les niveaux. On nous répète sans cesse que le gouvernement est déterminé à réduire la crise du logement en Algérie et compte même distribuer, très rapidement, les habitations à leurs bénéficiaires. C'est-à-dire loger tous les prétendants au logement et sans les faire attendre longtemps. L'on s'ingénue encore à faire de telles candides annonces pour un secteur qui demeure l'une des principales causes de mécontentement des Algériens. Pourtant, selon le discours officiel, un million de logements ont été construits en Algérie. Mais, presque autant d'irrégularités ont été relevées dans leur distribution, dont beaucoup ont été détournés de leur destination première. À cette allure, les 250 000 nouvelles habitations, livrables chaque année jusqu'à 2014, ne changeront rien à cette politique de l'habitat. Mépris, bricolage, ou alors construit-on sur du sable mouvant, des logements que l'on ne verra jamais ? Logement intelligent ! Autre préoccupation débattue au Logimo, l'efficacité énergétique et la gestion de l'éclairage dans les bâtiments tertiaires. Le secteur de l'habitat et de l'urbanisme s'est lancé le défi de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude lancée par l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue), les secteurs résidentiel et services en Algérie consomment plus de 40% du total de l'énergie, tous secteurs confondus. Aussi, d'après les projections de référence de l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME), la consommation d'électricité a plus que triplé au cours des trois dernières décennies. Une tendance appelée à se poursuivre jusqu' à 2025. Il est donc, selon les initiateurs de cette étude, urgent pour l'Algérie de s'inscrire dans une nouvelle vision basée sur davantage de rationalisation dans la consommation énergétique dans ce secteur important et en développement continu. Dans ce contexte, le projet Med-Enec, destiné aux pays de la Méditerranée, a lancé un appel à propositions pour des projets-pilotes sur l'efficience énergétique dans le secteur du bâtiment. Ces “projets-pilotes'', cofinancés par l'Union européenne, joueront un rôle important en matière de transfert de technologie et de savoir-faire, dont l'intérêt est de passer d'un logement “énergivore'' à un logement de “haute qualité environnementale'' et de “haute efficacité énergétique'' grâce à l'éco-conception et à l'introduction des principes bioclimatiques, d'efficacité énergétique et d'intégration de l'énergie solaire. Pour ce qui nous concerne, le projet-pilote vise la construction de 600 logements bioclimatiques dans 11 wilayas du pays, à savoir Alger (50 logements), Blida (80), Skikda (50), Mostaganem (82), Oran (80), Sétif (54), Djelfa (80), Laghouat (32), El-Oued (36) Béchar (30) et Tamanrasset (30) également. Ceci pour la partie logement intelligent. Cela fera le bonheur de quelques centaines de familles algériennes et ça sera aussi l'occasion de concevoir le bâti autrement. Mais, avec une politique ‘“intelligente'' du logement et de l'habitat de manière générale, puisqu'il n'y a pas que le résidentiel qui souffre de malfaçons, l'on devrait, à long terme, atteindre enfin notre objectif. Un triple objectif qui allie, confort, sécurité et économie. Et si on essayait de mettre de la clairvoyance là où l'argent, à lui seul, n'a pas réussi ! B. L. [email protected]