Nasser Hannachi Les méga chantiers engagés dans la capitale de l'Est ont concouru à une résorption sommaire du chômage. La courbe de celui-ci épate toujours quand bien même elle a enregistré une baisse durant 2013 (9%), un recul par rapport à 2011 où elle frôlait les 11,5%. Les gestionnaires en sont conscients et réalistes à ce sujet : la production reste la seule alternative pour éponger davantage la liste des demandeurs d'emplois. «Le bâtiment et travaux publics (BTP) et les projets structurants ont une date de survie limitée en matière d'emploi. Même s'ils devaient générer des fonctions ‘‘d'accompagnement'' notamment en gestion et maintenance, selon le type de l'œuvre», admettent-ils. Recelant de grands atouts «géographiques» aptes à contribuer à la résorption du chômage, la wilaya de Constantine s'en remet uniquement aux projets éphémères ou structurants pour répondre à une demande incessante en matière d'emploi. Les nombreux chantiers que compte cette métropole de l'Est parviennent à éponger une partie infime des dossiers lestés de bureaucratie et déposés. Cette fourchette demeurera oscillante tant les investissements locaux battent de l'aile en raison de la nature des activités choisies ou encore de l'absence de perspective durable. «Il faudra créer plusieurs projets relevant de la production pour espérer décroitre la courbe du chômage », nous confie le directeur de l'Agence nationale de l'emploi de la région de Constantine, M Dris. Ce qui n'est pas le cas pour le moment du moins jusqu'à la concrétisation des diverses maquettes au nombre de 473, regroupées et recoupées par le Calpiref (Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier). La livraison du tramway aura permis l'enrôlement de centaines de jeunes universitaires et autres catégorie. Que ce soit au niveau de la maintenance ou en d'autres services, dont la police du tramway, les guichetiers,... la brigade de vigilance. La même configuration est perceptible au transport semi-aérien, le téléphérique qui a permis de caser une cinquantaine d'employés. Ces deux modes de transport ont contribué à un recrutement local direct selon les compétences de chacun et notamment en prenant acte de la nature de l'activité exprimée par les embaucheurs. L'autre grand chantier en cours à Cirta est le viaduc le Transrhumel. Actuellement il engage près de 380 travailleurs algériens. Une masse salariale qui se réduira au fur et à mesure que la cadence du chantier frôle le parachèvement. «C'est le cahier des charges qui édicte ce genre de poste. Malheureusement ce n'est pas du permanent. C'est une sorte de vacation aussi longue soit elle, mais ne pourra s'étendre une fois le projet livré», admet un gestionnaire dans le secteur du travail à Constantine. Ce type de situation s'apparente d'ailleurs avec le secteur du bâtiment qui engage à des périodes saccadées. En effet le BTP (bâtiment et travaux publics) bat son plein dans cette ville avec les multiples réalisations de logements et de routes. Plusieurs ouvriers y activent. «Ces postes d'emplois ne sont pas permanents», déplorent quelques agents qui doivent changer leur fusil d'épaule avant même de voir leur contrat expirer. Malgré l'existence de toutes ces œuvres le taux du chômage dans cette wilaya n'a pas baissé considérablement. Pas plus de 2% depuis en l'espace de deux ans. En 2013 les voyants affichent un pourcentage de 9%. Cette courbe semble être tolérée par les responsables du secteur, sachant que seuls les investissements à caractère productif pourront faire baisser davantage le nombre de solliciteurs d'emplois. «On ne peut pas dire que Constantine n'a pas progressé en matière de résorption du chômage. Des dispositifs étatiques Ansej, Cnac et autres ont permis aux jeunes diplômés de créer leur propre petite entreprise et même de pourvoir en emplois. Les méga projets structurants quant à eux participent à la création d'emploi fût-ce avec des taux variables», admet l'administration locale. Par ailleurs, des observateurs économiques mettent en relief la nécessité de redonner à la capitale de l'Est son essence économique vu son tissu industriel étatique (mécanique surtout) en plus de l'agroalimentaire et de la pharmaceutique. «On a parlé de la sous-traitance, de la création d'ateliers adéquats, de pôles d'excellences, de PME... Tout cela ne s'est pas concrétisé», ont-ils déploré. Des esquisses sont restées lettres mortes et c'est toujours la main mise «patronale» qui rafle la mise au grand dam des créations d'emplois, a-t-on encore ajouté. Constantine se doit de se lancer dans des investissements, plusieurs, pour espérer jouer son rôle dans la production régionale et nationale, et prétendre ainsi à dissuader l'accroissement de la courbe des «sans travail». C'est évident : un poste durable est tributaire de la santé des entreprises. Encore faudra-t-il les créer ou à fortiori les recréer pour échapper à la solution pour le moins éphémère de la résorption temporaire du chômage à travers des chantiers aussi énormes qu'ils soient mais à la durée limitée. N. H.