L'opposition syrienne dont la division et la dispersion ne fait que s'accentuer, cherche un consensus à Istanbul. Plus divisée que jamais, elle a entamé de difficiles discussions pour décider de participer ou non à une éventuelle conférence de paix à Genève aux côtés du régime de Damas, sous la pression de ses soutiens internationaux. La réunion de la Coalition a débuté en fin de matinée dans un hôtel de la mégapole turque et devait se poursuivre au moins jusqu'à dimanche soir. Quelques jours avant ce rendez-vous, l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe a résumé ses enjeux sans détour. «Il doit y avoir deux délégations pour la Syrie à Genève-2, le gouvernement et l'opposition», a souligné mardi Lakhdar Brahimi. Mais «l'opposition est divisée et n'est pas prête», a-t-il regretté, «l'opposition est l'un des problèmes». Toujours en quête de crédibilité vis-à-vis des pays «amis» qui la soutiennent et des groupes rebelles confrontés depuis plus de deux ans aux troupes régulières syriennes sur le terrain, la coalition de l'opposition répugne à s'asseoir à la même table que le régime. Son président Ahmat Jarba a fixé des conditions très strictes à un éventuel déplacement sur les berges du lac Léman. Il exige notamment que la conférence de Genève aboutisse à un départ du président Bachar al-Assad, un scénario catégoriquement exclu par le régime de Damas. Une participation de la principale vitrine politique des adversaires du régime syrien paraît donc hautement improbable. Sauf que certains de ses membres, pressés par leurs «amis» occidentaux, semblent prêts à franchir le Rubicon. Un ancien vice-premier ministre syrien, Qadri Jamil, récemment démis de ses fonctions, a fait savoir qu'il se rendrait à Genève. Les Kurdes de Syrie aussi. Et à en croire le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, d'autres opposants seraient décidés à franchir le pas. En réaction, la principale composante de l'opposition, le Conseil national syrien (CNS), a assuré qu'elle ne ferait pas le voyage en Suisse et a même menacé de claquer la porte de la coalition si certains de ses membres y consentaient. En outre, une vingtaine de groupes rebelles influents sur le terrain ont menacé de juger pour «trahison» ceux qui seraient tentés de négocier, laissant clairement entendre qu'ils seraient purement et simplement exécutés. De l'autre côté, les onze pays occidentaux et arabes qui soutiennent les adversaires du régime de Damas les poussent à venir discuter à Genève, seule solution à leurs yeux pour trouver une issue politique au conflit. En l'absence de tout calendrier pour la conférence de Genève, certains observateurs ont parié que l'opposition renverrait sa décision à plus tard. «Il faut s'attendre à des débats difficiles et tendus mais pas à des décisions définitives», a pronostiqué la diplomatie occidentale. R. I.