Le citoyen algérien -le chef de famille en particulier- peine souvent à boucler sereinement les fins de mois, et pour cause. Le pouvoir d'achat reste toujours en dessous des besoins des pères de familles qui font face à plusieurs dilemmes. Un salaire insuffisant d'un côté, et l'inflation de l'autre côté. Face à cette situation, le citoyen se sent pris au piège. Les statistiques données par la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) viennent confirmer cette thèse. Selon cette dernière, le pouvoir d'achat des Algériens a chuté cette année de 30 voire 40% par rapport aux deux dernières années. D'autant plus que la dépréciation du dinar aggrave encore plus la situation. Le citoyen n'arrive plus à subvenir à ses besoins les plus essentiels, que se soit en produits alimentaires ou autres. La situation est déplorable, dès qu'une augmentation de salaire est décrétée par le gouvernement, les prix des produits les plus essentiels et les plus convoités s'envolent à leurs tours. Dès lors, le citoyen ne peut guère profiter de cette augmentation, sachant que quelques jours seulement après le relèvement du Snmg, les prix des produits de large consommation prennent déjà pris l'ascenseur. Les 3 000 DA d'augmentation apportée au Snmg ne profiteront finalement pas aux travailleurs. Les autorités publiques se montrent dans l'incapacité de préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Les prévisions des responsables sont remises en cause par une mercuriale de plus en plus inabordable. Le citoyen se trouve livré à lui même face à la dégradation de son pouvoir d'achat qui lamine son niveau de vie. Il faut veiller au contrôle strict et la régulation continue du marché pour éviter des fins de mois encore plus difficiles aux ménages. Les Algériens sont livrés pieds et poings liés à l'avidité des commerçants, sans possibilité de recours, face à un marché dominé par la spéculation qui ruine les ménages ou les contraint à se priver du nécessaire. Les citoyens sont excédés, parce que cette situation est récurrente et qu'aucun effort n'a été consenti pour y remédier. En Algérie, la politique d'augmentation des salaires et des retraites sans contrepartie, sur la production et la productivité, a entraîné un profond déséquilibre entre les deux flux, d'où l'entrée de notre économie dans une spirale inflationniste et une détérioration de la valeur du dinar, constituant ainsi un coup dur pour le pouvoir d'achat. Selon une récente enquête décennale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) les dépenses des ménages algériens ont triplé en une décennie. Ils déboursent ainsi en moyenne près de 60 000 DA mensuellement. Les familles consacrent une moyenne de 25 000 DA aux dépenses alimentaires. L'inflation et les prix à la consommation n'ont cessé de s'accroître ces douze derniers mois et le dinar ne cesse, de son côté, de se déprécier. Ces phénomènes sont, en même temps, des symptômes et des conséquences d'un système économique à bout de souffle. Selon une enquête réalisée par des économistes, il faudrait qu'un père de famille moyenne (4 ou 5 personnes) bénéficie d'un salaire de 60 000 DA (6 millions de centimes). Pour la mesure et le suivi du pouvoir d'achat, il est important d'accroître les informations et les données statistiques concernant le prix, l'élaboration et la diffusion d'un indice national à la consommation, il faut aussi mettre en place un dispositif de suivi des salaires. Beaucoup affirment que le Snmg est exagérément bas. Il est de 18 000,00 DA, ce qui est nettement en dessous de la moyenne nécessaire. Il convient de dire qu'en termes de pouvoir d'achat, la question de la production se pose aussi. Sans compter que les importateurs, les grossistes et les détaillants font leurs propres lois, au su et au vu de tout le monde, sans se soucier, en parallèle, des lois établies par les autorités. Les différentes mesures prises pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens n'ont pratiquement rien changé à la situation sociale des Algériens. Car la spéculation et la flambée des prix souvent injustifiée, profitent à tous sauf aux consommateurs. De nos jours, un ménage à bourse modeste ne peut plus se permettre de s'acheter des produits essentiels devenus par la force des choses des produits «de luxe». Les responsables en la matière doivent impérativement trouver des solutions à cette problématique qui ne fait qu'envenimer le climat social. La nécessité d'imposer le respect des marges bénéficiaires, de fixer les prix à des niveaux abordables, quitte à amender certains textes de loi, est, depuis longtemps, la solution la plus recommandée, afin de préserver un pouvoir d'achat digne aux citoyens algériens, qui souffrent le martyre chaque fois que les prix des produits de large consommation enregistrent une envolée. Les statistiques de l'ONS sont systématiques, l'inflation endogène est très importante. Elle est principalement liée à la faiblesse de la production nationale, à la volatilité de la production agricole mais aussi à la spéculation qui s'installe autour des marchés et à un informel de plus en plus tentaculaire. La maîtrise du pouvoir d'achat de la population est loin d'être un acquis sûr. Cette angoisse permanente de la famille rend difficile tous les efforts de l'Etat en matière d'augmentation de salaires à l'endroit de tous les secteurs d'activité. Otages de la spéculation, ces augmentations salariales sont aussitôt consommées. Ce qui constitue une source constante de perturbation de la sérénité sociale. Longtemps attelés à l'augmentation des salaires comme moyen d'améliorer le niveau de vie des ménages, les pouvoirs publics sont toujours confrontés à la réalité économique qui fait que l'inflation et la spéculation guettent et amoindrissent l'effet des augmentations de salaires sur le pouvoir d'achat. Les subventions des prix de certains produits de large consommation peuvent être un moyen de venir en aide aux citoyens démunis. Seulement, il faut s'assurer qu'elles se traduisent par de réelles baisses de prix sur le marché et qu'il ne soit laissé aucune chance à certains milieux affairistes de profiter de la situation économique et sociale actuelle pour s'enrichir davantage sur le dos de l'Etat et des consommateurs. A. K.