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Le langage universel du corps pour questionner le sens de l'existence
Spectacles deTurquie,Autriche Mexique et dela troupe Wanarus au5e FIDC
Publié dans La Tribune le 19 - 11 - 2013

Le langage du corps en tant que vecteur de communication entre les individus, en tant qu'expression d'états d'âme et de questionnements existentialistes, était au cœur des prestations des compagnies venues de Turquie, d'Autriche, du Mexique et de la troupe algérienne Wanarus.
Les danseurs de l'Opéra Theater et du ballet Samsun de Turquie, ont été les premiers à évoluer sur scène pour captiver l'attention du public à travers l'expression corporelle, à travers la pièce intitulée Concerto.
Les quatre danseurs, deux hommes et deux femmes, vêtus de noir et blanc, exprimant d'emblée la dualité des rapports humains, évoluent dans un espace épurée où trône, au milieu, une table rectangulaire avec quatre chaises.
Les danseurs, d'abord cloués sur leurs chaises, se meuvent peut et entament une discussion corporelle à travers différentes figures. Dans des mouvements tantôt aériens tantôt lents. Ils se synchronisent avec les notes du célèbre Concerto du grand compositeur allemand Johann-Sébastian Bach.
Ainsi les quatre corps se transcendent en un langage universel et intemporel qui questionne l'ambivalence du quotidien et l'inconstance de la nature humaine. Dans des mouvements subtils tout en finesse, puis dans des mouvements plus agités, qui demandent une grande maîtrise technique et physique, les corps s'entremêlent et s'entredéchirent au gré des notes cristallines du Concerto jusqu'à la dernière note ...jusqu'à l'épuisement des corps.
La prestation turque d'une très haute qualité a été fortement applaudie par le public présent au TNA, saluant chaleureusement cette allégorie existentialiste.
Quant à la compagnie autrichienne Théâtre du zèbre rose, d'emblée a séduit les présents avec un lever de rideau sur une valse de la grande chanteuse égyptienne Ismahan intitulée Layali el ouns fi Vienna.
A travers son spectacle intitulé Allez Walzer ! (tout est valse), une phrase utilisée dans les grandes cérémonies autrichiennes, qui est dite par le maître de cérémonie (après les présentations d'usage) pour signifier que tous les présents peuvent danser et que la fête, au sens propre du terme, commence.
Sur les notes de cette valse orientale, la danseuse, couverte d'un voile blanc, est portée telle une reine sur un fauteuil par quatre jeunes hommes. A peine met-elle les pieds sur les planches que, la musique change, devient plus électronique, plus techno et la danseuse se laisse emporter dans des mouvements puissants et rapides empreints de légèreté.
Puis, effet de surprise, le comédien Hassan Kechache entre sur scène en costume de maître de cérémonie pour donner un bref aperçu de l'histoire de la valse autrichienne, et convie une dizaine de personnes du public à rejoindre la scène pour une valse dans un esprit d'interactivité. Après ce surprenant spectacle où le public a pris possession des planches, le Mexique est le troisième pays à monter sur scène avec un court spectacle intense et percutant intitulé Lips and Hand, présenté par la compagnie mexicaine Apoc Apoc.
La pièce est adaptée d'un conte de Samuel Becket qui relate l'histoire d'un clochard et d'une prostituée. C'est en fait l‘histoire de l'absurde tragédie de l'impossible communication entre les individus et que seul le désespoir peut les réunir dans un acte d'espoir, tel qu'il est souligné dans la présentation de ce spectacle. «Elle s'appelle Labios (lèvres), lui Manos (mains). Avec le temps et l'expérimentation de leur folie, ils ont compris l'importance de vivre l'instant; ils sont hors du temps, de l'histoire et du social. Ils attendent quelque chose qui donne l'espoir, ils essaient de sauver leur autonomie afin d'éviter leur disparition, ils parviennent à survivre et même à arracher de la réalité brutale quelques moments du bonheur.»
Le final de la soirée est signé par la jeune troupe algérienne Wanarus, qui a présenté une œuvre mélancolique Amokrane Saâd, narrant cet instant poignant empreint de beauté et d'intimité, où la larme prend naissance à l'intérieur de l'œil pour finir par s'échouer en mille éclats scintillants au bord de la lèvre supérieurs après avoir parcouru tout le visage. Un chemin illustrant ces trémolos de l'être où une seule larme est beaucoup plus puissante que mille tonnerres de canon. La chorégraphie est pétrie de poésie dans les différentes figures des expressions corporelles et la mise en situation du corps des danseurs retrace ce chemin avec beaucoup d'émotion. La pièce parle aussi d'amour et de déception, une charge émotionnelle intensifiée par la judicieuse mise en scène de la lumière et de la musique. Et même si la larme se perd dans un sentiment meurtri, trompé, le mouvement, lui, continue d'agir. Il est régénéré. C'est dire toute son intensité et sa force de caractère. Les jeunes danseurs de la troupe Wanarus, terme amazigh qui signifie «porteur d'espoirs», portent à travers leur œuvre l'espoir d'une véritable évolution de la danse contemporaine dans notre pays.
S. B.


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