Alger était presque ville morte hier matin. Ses habitants ont eu du mal à quitter les bras de Morphée, à peine rejoints vers l'aube, pour regagner leur travail. En effet, leur nuit du mardi à hier a été «verte». Drapés de l'emblème national, par milliers, les jeunes, les moins jeunes et les enfants ont défilé libérant une joie, dont l'explosion a fait trembler tout Alger après 90 minutes d'énorme stress. Les scènes de liesse qui ont suivi la confirmation de la qualification des Fennecs au Mondial sont indescriptibles. Le coup de sifflet de l'arbitre avait à peine retenti annonçant la fin du match que les décibels de l'antre algéroise, à l'instar de tout le pays, se sont libérés. Des you-you ont fusé, des cris hystériques ont été lancés, des larmes ont coulées... Les rues ont été prises d'assaut et paralysées par la circulation. Les concerts de klaxons mêlés aux meilleurs tubes sur l'équipe nationale ont fait danser plus d'un au milieu de l'autoroute. Certains jeunes étaient même torse nu sous une pluie battante. En effet, le climat d'allégresse est monté de plusieurs crans, donnant parfois lieu à des scènes proches de la transe. A l'exemple de ce jeune homme d'une vingtaine d'années, qui s'est roulé sur le bitume mouillé, torse nu malgré le froid, serrant contre lui un drapeau. Les cortèges de voitures, les parades de motos, de camions, de minibus ont sillonné sans discontinuer toutes les cités urbaines, créant une «folle» ambiance. Le «One, two, three, viva l'Algérie», le slogan de l'équipe nationale, ne s'est pas tu. Aux côtés des hommes, de nombreuses femmes sont également sorties hier pour exprimer leur joie et leur soutien aux Fennecs. Toutes les places d'Alger étaient noires de monde. Hommes, femmes, enfants et même des vieillards, ont crié leur allégresse sous des centaines de drapeaux accrochés aux balcons des immeubles. «El hamdoullah on a gagné et nous irons au pays de la samba», n'ont cessé de lancer des jeunes au comble du bonheur. Il faut dire que la fête avait commencé quelques jours avant. Dans les grandes artères, on avait accroché des drapeaux sur les façades, aux pare-chocs des voitures et sur les bus. Les supporters ont défilé, pendant des jours, en voitures, assis sur les portières. Mais lorsque le coup de sifflet final a retenti, les pétards, les klaxons, les youyous et les sifflets ont repris de plus belle et pour toute la nuit. Les Algériens, certes passionnés de foot, avaient besoin de cette victoire. Leur explosion de joie est réelle mais elle est bénéfique doublement puisque ces moments de grande liesse permettent aux citoyens d'extérioriser leur malaise et de le troquer contre la joie. L'opium n'étant pas du goût de tous, c'est le football qui s'est chargé d'offrir son quota d'euphorie et de bonheur au peuple algérien. H. Y.