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Une puissance pérenne
Turquie, des Ottomans aux islamistes
Publié dans La Tribune le 25 - 11 - 2013

Tout au long de l'histoire moderne, l'Empire ottoman a pesé sur le continent européen et sur ses mutations. Mieux, il a fait partie intégrante de son histoire, ce qui a souvent été refoulé au fond des mémoires. Pourtant, Le Bourgeois gentilhomme de Molière témoigne de cette époque où l'envoyé du Grand Turc était reçu avec faste à la cour de Louis XIV et où Constantinople
fascinait et effrayait à la fois Paris, Londres ou Vienne.
Après la première Guerre mondiale, les Turcs faillirent disparaître de la carte, sacrifiés par les puissances victorieuses qui se partageaient les dépouilles des vaincus. Ils découpaient, à coups de hache et de sordides tractations, les frontières improbables du Proche-Orient contemporain. La Turquie ne dut sa pérennité qu'au sursaut de son peuple, guidé par Mustafa Kemal. Celui qui deviendrait Atatürk, «le père des Turcs», imposa un ordre nationaliste, moderniste, à connotations laïques, un Etat ouvert sur l'Europe, se rêvant en rupture avec l'héritage islamique. Ce modèle allait survivre à son fondateur, décédé en 1938, et trouver sa place dans l'ordre international né de la seconde Guerre mondiale. La Turquie s'inscrivait dans la guerre froide contre l'Union soviétique et adhérait à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan). Elle s'engageait cahin-caha dans la voie du capitalisme et du multipartisme, sous l'œil vigilant de l'armée, gardienne du temple kémaliste et qui n'hésitait pas, quand elle le jugeait bon, à s'emparer du pouvoir pour «remettre de l'ordre».
La fin de la guerre froide, l'accélération de la mondialisation libérale,
la relance en 1987 de la demande d'adhésion à la Communauté économique européenne allaient ébranler le vieil ordre kémaliste autarcique et autoritaire. Le pays s'interrogea sur son identité, sur sa place dans l'échiquier régional et mondial. Ces bouleversements et introspections déboucheraient sur la victoire en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP), une formation «post
islamiste», et l'accession, l'année suivante, de M. Recep Tayyip Erdogan au poste de Premier ministre. En une décennie, ce parti allait conforter sa domination sur la scène politique, remportant les élections législatives pour la troisième fois d'affilée en 2011, avec près de 50% des suffrages et un taux de participation avoisinant 87%.
Ce triomphe sans précédent dans l'histoire du pays, l'AKP le devait d'abord aux réussites économiques de la Turquie, qui s'est hissée au seizième rang des puissances mondiales. Les négociations d'adhésion à l'Union européenne ont été accompagnées de réformes politiques et démocratiques et du retour de l'armée dans les casernes. Brisant un tabou, l'ouverture de négociations avec la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a laissé espérer le règlement de cette lancinante question kurde. Enfin, grâce à une diplomatie active, qui a projeté la Turquie dans toutes les directions, de l'Afrique à l'Asie centrale, sans parler de son opposition à Israël, le «modèle turc» a suscité nombre d'envieux, notamment dans le monde arabe.
Pourtant, les contradictions et les problèmes sous-jacents ont persisté et, en quelques mois, le «modèle» tant vanté s'est transformé en «repoussoir». Même s'il faut tenir compte des emballements et des retournements médiatiques, il est incontestable que le pouvoir traverse une période difficile. Le gel des négociations avec l'Union européenne, frileuse et craignant d'accueillir quatre-vingt-dix millions de musulmans, a ôté un aiguillon aux réformes politiques. Le modèle néolibéral s'est essoufflé, et les inégalités sociales restent profondes. Enfin, l'AKP est dominé par un homme qui a forgé ses succès mais qui sombre dans un autoritarisme contesté jusque dans ses propres rangs.
L'intervention de la Turquie aux côtés de l'opposition syrienne et son appui à des groupes radicaux, pour certains liés au djihadisme international, ont suscité le rejet de ceux qui craignent que le conflit ne déborde et ne s'étende au pays lui-même. La brutale répression des manifestations du parc Gezi au printemps 2013 a illustré à la fois la peur de l'islamisation dans une partie de la population, l'arrogance du Premier ministre et le maintien d'un «Etat profond», passé petit à petit sous le contrôle de l'AKP et qui ne fonctionne qu'à la répression.
Toutefois, ce parti dispose encore de quelques atouts et du soutien d'une partie importante de l'opinion. Il profite de la faiblesse de l'opposition politique de gauche dominée par le Parti républicain du peuple (CHP), qui a du mal à se
détacher de son admiration pour l'armée et pour le vieux modèle kémaliste. Ensuite, la carte kurde ; si les négociations avec le PKK aboutissaient — mais elles se heurtent à bien des résistances —, elles mettraient fin à un conflit vieux de trente ans et contribueraient au renforcement de l'Etat de droit.
Lors de son voyage à Ankara en octobre 1968, le président Charles de Gaulle saluait la pérennité de «la Turquie, maîtresse des détroits (...), étendue tout au long du vaste plateau d'Anatolie, au contact de trois continents». Elle était, affirmait-il, «détentrice de grandes et de fécondes possibilités, mais aussi exposée aux pires éventualités».
A. G.
In Le Monde Diplomatique,
décembre 2013


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