Nasser Hannachi La responsabilité de l'anarchie dans le secteur du transport est à chaque fois rejetée par les différentes autorités entre : APC, service de l'ordre et coordination des transporteurs de la wilaya, sans que des solutions soient trouvées afin de faciliter le quotidien des usagers, seuls otages dans tout ce chaos. Aires de stationnements inexistantes, courses aux tarifs prohibitifs, taxis qui disparaissent aux heures de pointes pour ne citer que ces anomalies auxquelles font face chaque jour les citoyens. La capitale de l'Est se félicite de son tramway et de son téléphérique, mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Les principaux itinéraires souffrent en matière de transport et la population scrute le moindre «quatre roues» pour rejoindre le lieu de travail ou le domicile. «Du centre-ville à la nouvelle ville, on écoule plus de trois quarts d'heure. C'est dramatique.» Ces justifications sont au quotidien émises par les professionnels des transports dans cette région étranglée par son relief et son plan de circulation. Un alibi qui n'est pourtant pas le seul qui fait obstacle à la pratique d'un service honorable allant de concert avec le respect de l'activité de transporteur et par ricochet du client. «Avant même qu'on ouvre la portière, le client est interrogé sur sa destination, selon qu'elle convient au chauffeur de taxi ou pas. C'est frustrant d'entendre cette expression sans règles de bases de politesse. Ajoutez à cela cette formule ‘de course' qui retentit à chaque fois», se plaignent des citoyens. A vrai dire la difficulté de rallier divers faubourgs de la wilaya en raison du rétrécissement des rues profite aux compteurs de «taxieurs» sans foi ni loi. Les courses sont facturées entre 150 et 500 DA pour les directions un peu excentrées, contrairement aux bus qui maintiennent leur tarif mais offrent un service médiocre sachant que la plupart sont vétustes et ne garantissent pas une sécurité optimale pour les usagers. Anarchique, flou avec des destinations imposées par les chauffeurs. Cela résume la situation des transports en communs dans la wilaya de Constantine. Les usagers sont les éternels otages de cette configuration qui ne semble pas près de s'améliorer étant donné les multiples entraves auxquelles le secteur est confronté, à commencer par l'absence de points de stationnements au chef-lieu. A l'exception de quelques aires improvisées, selon les exigences. La circonscription, au fil des années, aura étoffé son réseau puisqu'il englobe près de 1 200 transporteurs dont la moitié relève du secteur privé. Avec son total de bus (3 000 environ), qui garantissent de multiples liaisons intercommunales ou interwilayas, rurales et urbaines, et près de 4 000 taxis, dont 13 sociétés (autoradio), la capitale de l'Est sert mal ses localités et sa banlieue. Le service public bât de l'aile au grand bonheur des taxis clandestins, venant à la rescousse des clients en fin de journée. Tous les responsables en sont conscients. Mais que faire lorsque le réseau est obturé à longueur de journée par des bouchons et que les taxis de service activant dans la légalité refusent des courses ? «On est dans l'obligation de prendre un taxi. Peu importe que le propriétaire active da manière légal ou pas. L'essentiel est que je regagne mon domicile à la nouvelle ville à temps. Je n'ai pas d'autres choix devant le refus des taxis qui pratiquent, toutefois, des tarifs exorbitants ou autres catégories», souligne une femme fonctionnaire. La mise en place d'un réseau privé se traduisant par l'augmentation du nombre d'opérateurs n'a pas encore soulagé les utilisateurs de leur calvaire. «Il est 14 heures. Je vais rentrer stationner, la circulation me rend la tâche difficile», lâche le coordinateur de l'Union des transporteurs de taxis de Constantine, M. Negar. «Nous avons soulevé moult fois cette problématique. En vain. Nous comprenons parfaitement les doléances de la population désorientée par le manque de transport aux heures de pointe», a-t-il ajouté. En fait, la complexité dans le service public ou privé relève également du manque flagrant des aires de stationnement permettant aux usagers d'avoir des repères. Il n'en est rien. «A chaque halte, l'agent nous demande nos papiers», se plaint notre même interlocuteur. «Les retraits de permis et la fourrière planent sur nos têtes». Cette appréhension est une épée de Damoclès pour la Coordination du secteur affirmant avoir eu peu d'alternatives. «La municipalité laisse l'anarchie régner alors qu'elle a son mot à dire : c'est-à-dire proposer des stations plus ou moins adéquates pour faciliter l'accès aux voitures», martèle un chauffeur avant de poursuivre : «Ce sont seulement ces raisons qui compliquent l'exercice de transport, notamment dans le chef-lieu». S'agissant du renouvellement du parc roulant, une directive antérieure allait mettre au repos tous les anciens bus et auto. Mais une année après la promulgation de cette instruction, la vétusté mécanique pollue toujours les axes routiers. Quoique le secteur privé ait renouvelé son parc à hauteur de 50% et a signé un accord l'an dernier via le représentant commercial de la marque Mitsubishi et l'Union des transports privés de la wilaya en présence des banques qui expliquaient les procédures d'octroi de crédit aux intéressés. Ceci quand le secteur public demeure sourd aux normes du renouvellement. En définitive, l'organisation du secteur des transports dans cette wilaya se cherche encore. L'anarchie sanctionne et pénalise les usagers. N. H.