La précampagne électorale pour la présidentielle d'avril 2014 n'arrive toujours pas à susciter l'intérêt des populations malgré quelques efforts d'animation en mal de consistance. La dépolitisation de la société se fait davantage sentir à quatre mois du déroulement de l'échéance, qui naturellement ne devait pas manquer d'intérêt dans le sens où il s'agit bien d'une élection présidentielle. C'est d'autant plus important que ce rendez-vous intervient particulièrement, au delà des défis socioéconomiques internes, dans une situation d'instabilité qui prévaut chez les pays voisins. A la dépolitisation de la société, livrée à elle-même, est venue se greffer une absence de lisibilité quant au personnel politique qui participerait à cette échéance électorale. Pour l'heure, les candidatures les plus attendues sont en stand-by pour diverses raisons. Il est fort probable que certaines ne seraient pas encore tranchées alors que d'éventuels compétiteurs jugeraient que le temps de l'annonce officielle de candidature n'est pas encore opportun. Même les situations organiques des partis politiques, notamment le FLN et le RND, qui servaient de baromètre à l'approche des élections, ne sont plus en mesure de tenir leur traditionnel rôle. Les deux formations du pouvoir sont à la recherche de direction en mesure de peser sur l'événement. Le parti du Front de libération nationale (FLN) peine visiblement à dépasser sa crise interne même avec l'élection d'Amar Saïdani à la tête du parti suivie par la désignation -contestée- des membres du bureau politique. Après avoir marqué son avènement par une succession de déclarations farfelues, Amar Saïdani semble ne plus savoir sur quel pied danser, comme l'explique son éclipse, dont on s'interroge si elle est volontaire ou imposée ! Le RND, ancien binôme de l'ex-parti unique dans l'ancienne alliance présidentielle, se perd, lui aussi, dans des questions d'ordre organique. Cette faille ne semble pas cependant empêcher le parti de signaler sa présence sur une scène politique de plus en plus poussive. En attendant la tenue de son congrès, le RND ne veut pas se laisser devancer par les autres formations politiques favorables à un quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Et c'est cette «méforme» du FLN et du RND qui tend à propulser le MPA de Amara Benyounès et le TAJ de Amar Ghoul au devant de la précampagne. Dans un meeting populaire qu'il a animé avant-hier à Tlemcen -au lendemain de sa présence dans la capitale des Zianides parmi la délégation gouvernementale de Abdelmalek Sellal-, Amara a réitéré le soutien de son parti pour un quatrième mandat de Bouteflika, si ce dernier venait à se porter candidat. «Le MPA soutiendra Bouteflika s'il venait à présenter sa candidature à la prochaine élection présidentielle», a déclaré le chef du MPA. Amara Benyounès a ajouté que «si le président de la République décide de présenter sa candidature, il le fera en tant que candidat indépendant car il est au-dessus de tous les partis politiques». Amar Ghoul, président de TAJ, n'a pas dérogé à la règle en affichant son appui au chef de l'Etat, à l'occasion d'une conférence de presse animée hier à Alger. Du côté du groupe dit des 20 où siègent des partis politiques et des personnalités, une deuxième réunion a eu lieu hier aux termes de laquelle a été revendiqué «un changement de gouvernement avant la tenue de l'élection présidentielle». Pour ce «front», il n'est pas question que cette joute électorale soit encadrée par ce gouvernement en place. «Un changement de gouvernement touchant particulièrement les secteurs ministériels chargés de la préparation et de l'organisation de l'opération électorale peut garantir l'intégrité, la neutralité et le principe de la parité des chances entre les différents candidats», ont-ils convenu dans une déclaration. Le FFS, pour sa part, préfère évoluer à l'écart de l'agenda de la présidentielle en organisant des rencontres avec la population. Son premier secrétaire général, Ahmed Betatache, était, hier à Saïda, pour animer un meeting dans le cadre des festivités du Cinquantenaire. Le député Mostefa Bouchachi était, lui, à Oran, pour une conférence programmée par la section à l'occasion de la «Journée internationale des Droits de l'homme». A. Y.