Les relations algéro-françaises n'ont jamais été simples. Dès l'été 1962, elles passent de mauvaises à excellentes en passant par des phases de crispations à celles de décrispations. Les gouvernements français, qu'ils soient de droite ou de gauche, n'ont jamais su trouver les mots pour apaiser les maux qui rongent les Algériens depuis la longue nuit coloniale. Il y a toujours une part de subjectivité dans l'appréciation ou dans la vision de ce qui pourrait être un avenir commun entre les deux pays. L'Algérie et la France ont à maintes reprises tenté de normaliser leurs relations pour atteindre selon les vœux de Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac le niveau d'un «partenariat d'exception». Cette volonté politique est toujours affichée par les gouvernements des deux pays. Cependant, et depuis les appréciations du président Mitterrand sur l'arrêt du processus électoral en 1992, les relations ont plus tendance à se crisper et se baser sur des malentendus. L'élection de Jacques Chirac à la présidence française n'a pas permis d'améliorer les relations entre les deux pays au moment où l'Algérie vivait un embargo de fait en raison de la guerre civile qui régnait dans notre pays. Il faudra attendre l'élection du président Bouteflika pour qu'un nouvel élan soit donné aux relations économiques et politiques entre les deux pays. Les visites effectuées par les deux chefs d'Etat à Paris puis à Alger, ont permis de mettre en place des mécanismes de concertations qui devaient aboutir à un «partenariat d'exception» entre les deux ennemis du siècle passé. Cette démarche applaudie par tous a tôt fait d'être brisée par des propos tenus par des députés de la majorité de Jacques Chirac à propos des «bienfaits de la colonisation», puis par l'adoption d'une loi allant dans le même sens. Ces actes inamicaux ont jeté un froid dans des relations qui peinaient à se réchauffer. L'élection de Nicolas Sarkozy n'était pas porteuse de grand optimisme dans les relations algéro-françaises. Vu d'Alger, le tout nouveau président français était plus proche de l'extrême-droite que de la droite républicaine. Malgré une visite d'Etat et quelques mots condamnant le système colonial, Nicolas Sarkozy n'a pas su améliorer des relations politiques tendues. De ce côté de la Méditerranée, la repentance de l'Etat français était exigée par des appels d'une opinion outrée que le système colonial et les crimes qu'il avait commis soient érigés en «bienfaits». Cependant, les affaires restant les affaires, Nicolas Sarkozy désignera Jean-Pierre Raffarin pour tenter d'améliorer les relations économiques entre les deux pays et ainsi permettre à la France de rester le premier fournisseur et le premier investisseur en Algérie. L'arrivée de François Hollande à l'Elysée et ses petits gestes condamnant certains crimes coloniaux ont permis de donner un nouveau souffle à des relations souvent difficiles. La visite d'Etat qu'il accomplira, «décrispera les relations». Beaucoup a été fait depuis et les dossiers litigieux, notamment en matière économique, avancent vite. La circulation des personnes, les questions mémorielles et les visions et positions divergentes sur les questions régionales constituent des points que les deux parties continueront à débattre jusqu'au jour, peut-être, où une position consensuelle sera trouvée. En attendant, le poids de l'Histoire des deux pays continuera à peser sur les relations des deux pays et les petites histoires créées pour satisfaire les opinions nationales ne feront que les envenimer. A. E.