Conforté dans sa guerre contre les enfants et les femmes sans défense dans la bande de Ghaza par les Etats-Unis, Israël a décidé de faire fi d'un appel du Conseil de sécurité de l'ONU à un cessez-le-feu immédiat en arguant qu'il ne garantirait pas l'arrêt des attaques du mouvement palestinien Hamas. L'objectif d'Israël, à ne plus en douter, est d'obtenir plus de temps pour exterminer les Palestiniens avec le soutien américain. Dans un premier temps, Israël a obtenu un soutien franc du président américain sortant, George W. Bush, qui avait, rappelons-le, dit comprendre «le désir d'Israël de se protéger». Les Etats-Unis ont affiché, par la suite, une parfaite hypocrisie en s'abstenant lors du vote du Conseil de sécurité de la résolution 1860, tout en déclarant par la voix de Mme Rice que les Etats-Unis soutiennent le texte. Comment peut-on prétendre «soutenir un texte» et ne pas le voter ? La position hypocrite des Etats-Unis devant le Conseil de sécurité ne peut duper grand monde, surtout si l'on fait état du soutien, vendredi dernier, du Congrès américain à Israël. La Chambre des représentants a adopté à l'unanimité une résolution de soutien à Israël reconnaissant le droit de l'Etat juif à se défendre face aux attaques à la roquette du Hamas. La veille, le Sénat américain avait adopté un texte similaire. «Nous réaffirmons qu'Israël, comme tout pays, a le droit de se défendre quand il est attaqué», a déclaré sa présidente, la démocrate Nancy Pelosi. Et alors que les Palestiniens subissent la pire des agressions depuis une quinzaine de jours et qu'ils ne cessent d'enterrer leurs morts, femmes et enfants, les membres de la Chambre des représentants américains appellent le Hamas à cesser ses tirs de roquettes et de mortiers contre Israël et à reconnaître à cet Etat le droit d'exister. Et le droit à la vie des enfants massacrés par l'armée israélienne n'a-t-il pas un sens ? Les blessés de cet holocauste, à qui les secours sont interdits, n'ont-ils pas de droits ? Il apparaît clairement que le poids de plusieurs décennies d'étroites relations entre Washington et l'Etat juif a fait basculer la balance en défaveur d'un peuple qui lutte pour sa liberté. Harry Reid, qui dirige le groupe démocrate, majoritaire, au Sénat, a exprimé toute la profondeur de ces relations lorsqu'il a déclaré jeudi : «Notre résolution reflète la volonté de l'Etat d'Israël et la volonté du peuple américain.» Les Etats-Unis font semblant d'ignorer qui porte la responsabilité de la situation actuelle à Ghaza. Ils feignent de ne pas voir la crise humanitaire en cours alors qu'ils facilitent les attaques israéliennes à coups de contrats d'armement s'élevant à des milliards de dollars. Les Etats-Unis ont décidé de soutenir indéfectiblement la stratégie abominable israélienne de «punition collective» de la population de Ghaza et ce, en violation totale de la quatrième convention de Genève. L'impunité dont bénéficie Israël depuis 60 ans démontre, une fois de trop, que le gendarme du monde, après avoir aidé Israël à faire face à «Atfal El Hidjara» (génération de la première Intifadha) avec des mitraillettes, il aide aujourd'hui ce même allié à massacrer la génération de «Mountazer al-Zaidi» (le journaliste irakien qui a lancé sa chaussure à la figure de Bush) avec des F16. Est-ce là la justice et la paix auxquelles nous invite la plus grande démocratie du monde ? H. Y.