Le mouvement associatif est indiscutablement un des acteurs majeurs dans la promotion et la diffusion de la culture dans un pays qui aspire à promouvoir l'art et la culture auprès de tous ses concitoyens et non pas seulement auprès de cercles élitistes. En Algérie, depuis l'indépendance, de nombreuses associations culturelles ont vu le jour. Même si certains observateurs considèrent que la majorité d'entre elles sont des subterfuges conjoncturels, certaines associations ont émergé du lot et œuvres à accomplir noblement leur mission par la force de conviction, l'abnégation et un dur labeur, portées par la seule passion de l'art transcendant tous les obstacles des difficultés administratives, financières et même de certaines mentalité. Ainsi, il est important de souligner le rôle indéniable des associations culturelles en Algérie, qui ont pris conscience après les terribles années où l'obscurantisme et les extrémismes de tout bord se sont attaqués à la liberté d'expression artistique et aux hommes et femmes de culture qui ont payé de leur vie leur engagement artistique. Avec la rage du désespoir, face au néant culturel qui a marqué la scène culturelle algérienne, ces associations culturelles ont pris à bras le corps leur mission pour défendre la culture, le patrimoine et la scène artistique, derniers bastions de la démocratie. A l'instar de leur ainées, les écoles andalouses et troupes musicales qui ont œuvré pour la protection de l'identité algérienne durant les sombres années du colonialisme, les associations culturelles ont poursuivi leur œuvre de diffusion de l'art dans toutes ses expressions. Les associations qui activent dans le domaine culturel ont su démontrer qu'elles pouvaient être un socle solide et un vecteur pour la socialisation de la culture, car elles sont présentes au sein de la société. Citons en exemple les associations qui ont su relever avec brio ce défi, à l'instar de l'association du Petit lecteur d'Oran, Dimmajazz de Constantine, Project' heurts de Béjaïa et tant d'autres qui organisent annuellement et depuis plus d'une décennie des activités tout au long de l'année, dont certaines de dimension internationale. Mais, aujourd'hui, certaines associations arrivent à bout de souffle faute de soutien financier et d'encouragements de la part des autorités concernées. Afin de réaliser leurs différents projets à long terme, les associations culturelles en Algérie subissent un véritable parcours de combattant et les membres bénévoles doivent redoubler d'effort pour que les actions qu'ils mènent auprès des citoyens puissent voir le jour, dépendant entièrement du système de subvention de l'Etat, des dons et du sponsoring de la part d'entreprises privées ou étatiques. Au-delà de la difficulté de créer une association, devenu plus compliqué avec la dernière loi adoptée (n° 12-06 du 12 janvier 2012 relative aux associations), le financement, nerf de la guerre, est une épée de Damoclès qui pèse sur le devenir des associations. Au-delà des divergences d'opinions ou de ligne artistique, la politique culturelle des pouvoirs publics ne doit pas se limiter à adouber et subventionner ceux qui les caressent dans le sens du poil. Il s'agit aussi de soutenir toutes les autres opinions avec le seul souci de dynamiser une scène culturelle riche et plurielle. Ceci dans l'ultime but de construire une véritable cohésion sociale et éviter les dérives extrémistes, car l'histoire à démontrer que socialiser la culture et un puissant outil pour contrer toute forme d'obscurantisme et permet de semer les graines d'une nouvelle génération avec la capacité d'aimer l'autre au-delà de tous les clivages et préjugés. Soutenir les associations culturelles est aussi un moyen de concrétiser l'action cruciale de la socialisation de la culture, avec comme premier souci intervenir auprès du jeune public pour éveiller son esprit et l'initier à l'art et la culture afin de construire une future génération de spectateurs, lecteurs, artistes et acteurs culturels. Les associations culturelles ont également pour devoir de sortir des sentiers battus et aller vers un plus large public, celui qui ne met jamais les pieds dans une salle de cinéma, de théâtre ou de spectacle, pour le sensibiliser et le former afin qu'il reprenne le chemin de la culture. Ce public est le plus important, car le plus difficile à séduire pour le respect de la différence culturelle mais aussi le plus vulnérable aux extrémismes. Pour cela, face au néant, il devient de plus important d'occuper les espaces extra muros, sortir des institutions et des infrastructures officielles pour aller conquérir ce public. Cette démarche ne peut être pleinement réalisée qu'avec un partenariat gagnant-gagnant entre les institutions étatiques et les associations culturelles avec une réelle implication des pouvoirs publics pour intégrer ces associations dans des projets a long terme dans un esprit de continuité et non plus conjoncturel, ponctuel ou juste par clientélisme. S. B.