Phopto : Riad Par Youcef Salami L'Angola, membre de L'OPEP depuis deux ans, vient de prendre la tête de l'Organisation pétrolière. Il vient d'entreprendre une première initiative dans le souci d'opérer un équilibre durable sur les marchés pétroliers : il a appelé vendredi dernier les entreprises pétrolières à réduire leur production pour adhérer aux quotas fixés par L'OPEP. Sera-t-il écouté ? Possible ! La démarche qu'il a engagée aura valeur de test pour un pays qui vient donc de prendre les commandes de l'Organisation pétrolière. Le ministre angolais du Pétrole, José Maria Botelho, se montre en tout cas confiant. Dans une déclaration sur les ondes de la radio d'Etat, reprise par Reuters, il s'est dit sûr de pouvoir compter sur la collaboration des compagnies à ce sujet. L'Angola souhaite que la décision de réduction (2,2 millions de barils par jour), prise le 17 décembre dernier à Oran, soit appliquée par tout le monde. Le pays veut du concret dans un contexte économique difficile, changeant. L'Angola, c'est 1,5 million de barils par jour de production (nouveau quota). C'est le deuxième producteur au plan continental, le premier étant le Nigeria. Parce qu'il a baissé son quota de production et que la chute des cours du pétrole se poursuit, l'Angola risque de voir sa croissance considérablement affectée. L'Angola tout comme les autres membres de l'organisation veut rétablir les prix du pétrole qui ont perdu plus de 100 dollars depuis juillet, quand ils avaient atteint un record historique à près de 150 dollars le baril. Et cette dégringolade continue. Les prix du brut ont reculé, les interrogations sur la demande restant plus que jamais d'actualité. Mais la demande n'est pas le seul facteur de baisse. Les cours pétroliers ont perdu du terrain vendredi dernier après les mauvais chiffres de l'emploi américain qui nourrissent les craintes des opérateurs. Plus globalement, le marché manque d'orientation ces derniers jours, hésitant entre la dégradation des perspectives économiques, synonyme de baisse de la demande mondiale en énergie, et les facteurs haussiers que représentent l'offensive israélienne dans la bande de Ghaza, la crise du gaz entre l'Ukraine et la Russie et la mise en vigueur par L'OPEP de nouvelles réductions de sa production. L'Arabie saoudite a fait savoir, vendredi dernier, qu'elle se conformait à la baisse de production décidée en décembre dernier, et les Emirats arabes unis ont également annoncé qu'ils feraient de même. La discipline dont font preuve ces deux pays ne semble, cependant, pas faire réagir les marchés, la déprime des cours se poursuivant. Des indices ? Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en février a fini à 40,83 dollars, en baisse de 87 cents par rapport à son cours de clôture de jeudi dernier. Après avoir flirté avec les 50 dollars en début de semaine, les cours se sont résolument orientés à la baisse cette semaine, lâchant 7,75 dollars sur les trois dernières séances. Ils ont même évolué sous la barre des 40 dollars en cours de séance vendredi dernier, touchant 39,38 dollars. C'est une tendance qui a été largement analysée par les spécialistes pétroliers. «On n'a pas fini de baisser, la tendance de fond est baissière», a ainsi jugé Antoine Halff, de Newedge Group, repris par Reuters. Chaque jour apporte son lot de «statistiques économiques» qui alimentent les inquiétudes pour la demande, a-t-il ajouté. Vendredi dernier, le marché a réagi aux chiffres de l'emploi aux Etats-Unis, premier pays consommateur de pétrole dans le monde. Très attendus, ils ont confirmé, comme cité plus haut, une forte dégradation de l'activité, avec 524 000 suppressions nettes d'emplois en décembre et un chômage à 7,2%, son plus haut niveau depuis janvier 1993. Les mauvais indicateurs macroéconomiques américains pèsent sur le moral du marché, ont souligné les analystes de Barclays Capital. Les opérateurs s'interrogent sur l'ampleur et la durée du recul de la consommation de l'or noir aux Etats-Unis, alors que la demande mondiale s'est contractée en 2008, pour la première fois depuis 25 ans. D'autant que dans le même temps, malgré un hiver très froid en Amérique du Nord, les stocks de produits pétroliers y sont au plus haut depuis des années. Pour l'instant, le marché s'intéresse aux «statistiques économiques américaines», mais la prochaine étape, ce sera la «propagation de la crise à l'Asie et à la Chine», a souligné Halff. En début de semaine, les prix avaient été soutenus par le conflit en Israël, qui a lancé une offensive sur la bande de Ghaza, mais les combats sont restés sans effet pour l'heure sur l'offre de brut.