De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'olivier fait la tête cette année et avertit les agriculteurs kabyles des conséquences des méfaits qu'il a subi durant la dernière décennie de la part de gens censés le protéger. S'il est lui-même symbole de la paix, il n'en souffre pas moins des attaques répétées des groupes criminels qui le haïssent pour avoir su accompagner durant des siècles toute une région dans la lutte pour son identité et sa langue. Alors, trêve de guerre, semble demander l'olivier ! Les agriculteurs s'en souviendront pour longtemps : la cueillette des olives a été stoppée presque aussitôt lancée juste au début de l'hiver. Les propriétaires des huileries ont chômé une bonne partie de la période dédiée habituellement au broyage et se sont contentés juste de la mise en rodage de leurs machines. Les dizaines de milliers d'ouvriers saisonniers n'ont pas eu le temps de voir tourner les huileries et refermer leurs portes avant de replonger dans leur chômage éternel. En effet, selon une situation provisoire arrêtée au 4 janvier dernier dans la wilaya de Tizi Ouzou, sur une superficie de 33 027 hectares d'oliveraies, dont 27 757 arbres en rapport (les oliviers qui produisent), il n'a été récolté que 25 000 hectares avec une moyenne globale de 121 500 quintaux, donnant un rendement jugé très faible de 5 à 6 quintaux à l'hectare et environ 17 litres d'huile le quintal. «Cette année, nous avons eu un rendement catastrophique. C'est le premier de cette faible ampleur depuis au moins dix ans», déplore Abderrahmane Ouali, chef de service de l'organisation de la production et de l'appui technique à la DAS (direction de l'agriculture) de la wilaya de Tizi Ouzou. Seuls quatre millions de litres ont être récoltés, même pas un tiers de été la production de l'an dernier. Pour expliquer cette baisse sensible de la récolte, la direction de l'agriculture avance plusieurs raisons, variant de naturelles à humaines. «En Kabylie, le ‘'chamlal”, un olivier petit qui produit beaucoup d'huile, est la variété qui domine les oliveraies. Cependant, cette variété est connue pour sa production saisonnée, car elle a cette caractéristique», rappelle Abderrahmane Ouali qui a mis en cause la technique de la cueillette répandue en Kabylie, le gaulage, blessant et altérant les jeunes pousses qui donnent le fruit, l'olive. Il souligne que ce moyen traditionnel de cueillette d'olive fait des ravages. La répartition et la densité de la pluviométrie durant le début de l'année 2009 sont un autre facteur défavorable qui a joué contre la production. «Des pluies intenses ont été enregistrées pendant toute la période de la floraison ; nous avions 92 mm en mars, 133 mm en avril et 69 mm au mois de mai 2009. Cette forte pluviométrie au moment de la floraison a beaucoup handicapé la production», affirme-t-il. Revenant sur le caractère saisonnier de l'olivier «chamlal», le responsable ajoute que, l'an dernier, les oliviers ont beaucoup produit : au total 743 000 quintaux ont été récoltés pour plus de 13 millions de litres qui ont été produits. L'éloignement des petites parcelles accidentées des domiciles des familles propriétaires et leur faible productivité expliqueraient en partie cette baisse de la production, selon le même cadre. Concernant les prix jugés élevés par les consommateurs (500 DA en moyenne), le chef de service de l'organisation de la production et de l'appui technique dit que ces derniers auraient pu être encore plus élevés n'était le stock appréciable de l'an dernier qui continue d'alimenter beaucoup de consommateurs.Cela dit, les incendies de récoltes ont ravagé plus de 200 ha d'arboriculture (15 400 arbres fruitiers), des oliviers et des figuiers en majorité, selon des bilans rendus publics. Du 1er juin au 30 septembre 2009, 237 incendies ont été enregistrés...