Le premier round de pourparlers entre le régime syrien et l'opposition s'est finalement terminé sans qu'il y ait de réelle avancée, ni sur la question du terrorisme, ni sur la transition politique, ni même sur le dossier humanitaire. Après une semaine de pourparlers à Genève, les délégations des deux belligérants en guerre depuis près de trois ans se sont accordées de se revoir le 10 février prochain. Les deux parties en discussion sont restées quasiment inflexibles sur la quasi majorité des questions mises sur la table. Le médiateur Lakhdar Brahimi aura usé de tout son doigté et son expérience pour éviter que les discussions ne capotent. Le rapprochement demeure en effet difficile entre deux camps qui se vouent aux pires gémonies. «Il n'y a pas eu d'accord sur la façon de traiter le terrorisme», affirmera Brahimi, déplorant qu'il n'y ait pas «réellement de changement dans la position des deux interlocuteurs». Ce premier round de pourparlers, initiés sous la pression des Américains et des Russes, s'est finalement terminé sans résultats. Cependant pour Brahimi ce premier face-à-face entre frères ennemis syriens est en soi un succès. Il faudrait désormais chercher une meilleure organisation pour le prochain round. En attendant, le chef de la Coalition de l'opposition Ahmad Jarba, est attendu à Moscou le 4 février pour une première visite officielle en réponse à une invitation russe. La semaine de négociations aura été symptomatique des grandes divergences entre les deux parties. Les deux délégations ont débattu, sans résultat, de la notion de «terrorisme». La délégation gouvernementale a appelé à l'«arrêt du financement, de l'armement et de l'entraînement des terroristes», insistant sur la priorité des discussions sur cette question. Walid Mouallem, le ministre syrien des Affaires étrangères, a mis en cause le «manque de responsabilité et de sérieux» des dirigeants de l'opposition et «leur volonté de faire imploser la conférence, comme si nous venions là pour une heure et tout leur céder», s'étonnant des «illusions dans lesquelles ils vivent». Mais pour l'opposition, le dossier central reste bien la transition en Syrie, prévue dans «Genève I». Ce texte adopté en 2012 prévoit l'arrêt de «la violence sous toutes ses formes» et la formation d'une autorité gouvernementale de transition. Le médiateur Brahimi s'est dit par ailleurs «très, très déçu» par l'absence de progrès sur l'aide aux quartiers rebelles assiégés de Homs, troisième ville du pays. Damas a promis de laisser partir femmes et enfants de Homs et de laisser entrer des convois humanitaires. Mais l'opposition refuse la séparation des familles. A Damas un convoi d'aide alimentaire a pu pénétrer jeudi dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, qui a vu la mort de plus de 80 personnes. Ainsi donc à l'issue de la première série de négociations Lakhdar Brahimi soulignera un certain nombre de points de conclusions : «Les deux parties sont décidées à discuter la complète mise en œuvre du communiqué de Genève I, il faut qu'elles arrivent à conclure un accord sur la fin du conflit et la mise en place d'un gouvernement de transition détenant les pleins pouvoirs exécutifs.» «Les deux parties croient que l'avenir de la Syrie peut uniquement être déterminé par le peuple de Syrie, de manière pacifique, sans intervention ou ingérence extérieure.» «Les deux parties s'engagent à assurer que la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et l'unité de la Syrie soient pleinement respectées, et qu'aucune perte de territoire ne sera jamais acceptée.» «Les deux parties ont compris que le peuple syrien espère une Syrie véritablement démocratique avec un gouvernement transparent, redevable et fondé sur les droits de l'Homme et la règle de droit.» Pour l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe ces conclusions, reflétant son propre sentiment, sont déjà une grande évolution. M. B./Agences