Des enseignants rejoignent les rangs des grévistes et d'autres les quittent. Les premiers, suite notamment à l'appel du Cnapeste (Conseil national autonome des enseignants du secondaire et du technique élargi) à une grève d'une journée renouvelable. Pourtant, au sein même de ce syndicat, l'appel à la grève illimitée ne semble pas avoir fait l'unanimité. Des enseignants affiliés au syndicat ont refusé hier de répondre à l'appel, jugeant que la situation n'est pas claire. Les autres abandonnent à mi-chemin parce qu'ils constatent un prolongement du mouvement dans le temps et dans l'espace et craignent donc les conséquences. Les «rattrapages», «les ponctions sur salaires» et les «menaces de justice» ne les laissent pas indifférents. Trois syndicats en grève, en l'occurrence, le Cnapeste, le Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) et l'Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation) devient chose très sérieuse à ne pas prendre à la légère. De plus, le moment choisi n'est pas du tout opportun. Les parents d'élèves sont de plus en plus nombreux à exprimer des inquiétudes. Certains appellent à la sagesse mais d'autres s'attaquent directement aux syndicats et aux enseignants à l'origine de «ces grèves à répétition». Des parents d'élèves et d'autres citoyens vont jusqu'à dire que des motivations politiciennes doivent être derrière ce nouveau recours à la protestation sinon les syndicats ne seraient pas engagés dans cette «action commune» à un moment pareil. Les parents d'élèves font le lien avec la présidentielle, entre autres. Hostiles à cette manière de faire, des parents dénoncent cette nouvelle grève et accusent les enseignants de laisser-aller, d'irresponsabilité, de mépris...et même de tricherie parce que, selon leurs dires, «ces enseignants affirment faire grève et, en même temps, ils dispensent des cours privés chez eux». D'un autre côté, l'appareil judiciaire est actionné pour amener les enseignants à arrêter leur mouvement de protestation. La grève a été déclarée illégale par la justice, alors qu'il n'y a pas recours à la médiation, voire même de véritables négociations, entre les parties en conflit. Cela, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) le dénonce avec force. «Le CLA dénonce l'atteinte au droit de grève et le non-respect de la procédure prévue par la loi en cas de blocage, à savoir le recours à la médiation après échec des négociations», écrit le syndicat dans un communiqué rendu public hier. L'organisation autonome dénonce «l'instrumentalisation de la justice par l'utilisation du référé comme épée de Damoclès sur la tête des enseignants». Le syndicat affirme qu'il ne restera pas sans agir et appelle à une action commune pour contrer les atteintes et les menaces d'où qu'elles viennent. L'entrée en lice du CLA influera, sans doute, sur le cours des événements. K. M.