L'Ecole supérieure des Beaux-arts d'Alger (Esba) accueillera, mercredi prochain, à partir de 14h, un hommage à Ahmed et Rabah Asselah, à l'occasion de la commémoration du 20e anniversaire de l'assassinat au sein de l'Esba d'Ahmed Asselah, directeur de l'école, et de son fils Rabah Salim Asselah, étudiant dans ce même établissement en cette funeste journée du 5 mars 1994. Cet hommage sera également un «clin d'œil» à Anissa Asselah, qui au-delà de la douleur de la perte de son mari et de son fils a poursuivi jusqu'à sa mort le combat contre l'obscurantisme à travers de multiples actions mettant en lumière l'importance de l'art et de la culture dans l'éveil des esprits. Le programme de cette journée de commémoration débutera à partir de 14h00, avec un mot d'ouverture et la présentation de la fresque «Mur d'expression, 20 ans Asselah». Puis l'après-midi sera marquée par plusieurs activités artistiques tel un écho au combat des Asselah qui ont toujours milité pour faire rayonner la culture, la meilleure arme que l'on peut donner au peuple pour son émancipation et une réelle prise de conscience. Ainsi, il est prévu un instant musique avec Kawthar Meziti, suivi d'un moment de poésie avec Samira Negrouche, déclamant le texte intitulé Cinq tombeaux et une fenêtre. Il est également prévu un intermède Chaâbi avec Reda Doumaz, une intervention poétique avec Abderrahmane Djelfaoui, des instants percussions avec Hakim Washabou , ainsi que des performances musicales avec d'anciens et nouveaux étudiants des Beaux-arts à l'instar de Mehdi Kerri et Nabil Kara, Khaled Ambes et Hkikou Grooz. Pour rappel, au mois de février passé un appel a été lancé par les organisateurs de cet hommage pour créer ce «Mur d'expression» qui sera composé de messages, dessins, photos ou témoignages sur support en papier au format 20/20 cm, qui serviront à la création «d'une fresque à la mémoire de nos amis le père et le fils, avec un clin d'œil à Anissa Asselah». Par devoir de mémoire, et afin que nul n'oublie, Ahmed Asselah a été tué par deux terroristes, qui lui avaient tiré dessus alors qu'il sortait de sa voiture pour se rendre à son bureau. Son fils, Rabah, âgé de 22 ans, qui accourra à la rescousse de son père subira le même sort et sera atteint à l'abdomen. Il succombera à ses blessures dans la soirée. Le jour de son assassinat la presse écrira : «Le directeur de l'Ecole des Beaux-arts était connu pour ses prises de position en faveur de la démocratie et pour sa résistance à l'intégrisme, notamment dans le cadre de l'établissement qu'il dirigeait. Il était depuis longtemps la cible des fanatiques intégristes.» Karim Sergoua a adressé, sur la page dédiée à cette manifestation, «un grand merci à tous les amis artistes, écrivains, étudiants, enfants, écoles, journalistes, maçons, citoyens et familles [...]. Nous avons déjà atteint le nombre de 900 œuvres ce qui nous fait déjà 36 mètres carrés». Ainsi, cette forte adhésion des artistes et des anonymes est une émouvante façon de rendre hommage aux Asselah afin d'accomplir le devoir de mémoire pour que, à travers eux, la tragique mort de tous ceux qui ont résisté aux intégristes et à tous les extrémistes et se sont sacrifiés pour leurs idéaux de liberté et de justice ne soit pas vaine. S. B.