Le moment n'a jamais été aussi propice pour dépoussiérer le film de Salim Riad On revient. C'est ce qu'a fait l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) en programmant la projection de ce film sur l'écran du cinéma El Mouggar, dimanche dernier, dans le cadre du ciné-club, rendez-vous hebdomadaire organisé par L'ONCI. Le public était essentiellement constitué d'étudiants. Réalisé en 1970, l'œuvre cinématographique est une adaptation du roman les Palestiniens de la journaliste juive Ania Francos. Le livre raconte l'histoire d'une bande de jeunes Palestiniens vivant dans des camps de réfugiés en Syrie et au Liban. Révoltés par le déni dont ils sont victimes avec leur peuple et bien décidés à reconquérir leur terre, ils arrivent à gagner les territoires occupés pour attaquer l'ennemi. Dans le casting, on retrouve un Ahmed Benguettaf au sommet de son talent dans le rôle principal, Hassane Hassani, l'actrice syrienne Hala Chawket ainsi qu'une belle palette d'acteurs palestiniens, libanais et égyptiens. Un casting aux couleurs de l'Orient à propos duquel le réalisateur dira : «A l'époque, il n'était pas question d'origine ou de nationalité mais d'une nation arabe à laquelle on croyait tous à un point où nous avions oublié que nous étions Algériens.» La projection prévue à 14h débutera un peu plus tard. Pour meubler l'attente, les responsables de la salle diffuseront quelques chansons de la diva Faïrouz pour rester dans le contexte. Une demi-heure plus tard, l'animatrice rejoint la scène pour annoncer l'arrivée du réalisateur. «Je ne sais que dire, l'histoire se répète. 39 ans après, c'est toujours dans le même état que se retrouve la Palestine. La projection de ce film aujourd'hui me fait rappeler une avalanche de souvenirs. Grâce à ce film, j'ai vécu avec ce peuple qui m'a fait découvrir la bonté, la générosité ainsi que la souffrance et la patience.» A ce moment, le cinéaste est submergé par l'émotion. Il cède et quitte la scène en larmes. Silence dans la salle. Le ronronnement du projecteur l'interrompt. Le film commence avec des images tournées dans de véritables camps de réfugiés palestiniens au Liban et en Syrie. Les images sont pertinentes et parlent d'elles-mêmes. La misère, la tristesse, une odeur de mort planent dans les airs. Des femmes, des enfants, des vieux et des jeunes vivant dans des bidonvilles, certains sur des cartons, les vieux résignés et les jeunes toujours rebelles n'aspirant qu'à rejoindre leur pays natal. L'un de ces jeunes décide de regagner sa ville totalement envahie par les Israéliens. En compagnie d'un jeune étudiant libanais, il réussit à entrer en territoire occupé grâce à des permis de séjour temporaire. Une fois sur les lieux, à eux deux ils convaincront d'autres jeunes de les rejoindre… au combat qu'ils sont décidés à mener contre l'ennemi. Avec un minimum d'armes à feu et quelques grenades, ils réussiront à déstabiliser l'occupant, allant même jusqu'à attaquer une caserne. De cette scène, on retiendra l'image du jeune étudiant blessé, le bras saignant, en train de faire descendre le drapeau israélien pour le remplacer par l'emblème palestinien. Heureux de voir enfin le symbole de son pays flottant dans les airs, il poussera son dernier soupir avant de s'écrouler par terre, mort en martyr. Il sera le premier. Car tout le groupe combattra jusqu'à la dernière balle, jusqu'au dernier souffle. A la fin du film, on se rappellera de la phrase du réalisateur. En effet, malgré le temps écoulé, le film demeure toujours d'actualité. Le martyre de la Palestine dure et se prolonge. Tout ce qui a changé, c'est la prétendue union sacrée des Arabes qui, avec l'attaque contre Ghaza, s'est craquelée comme une fine couche de vernis, qu'elle était du reste. W. S.