Un hommage sous différentes formes d'expression artistique, a été rendu mercredi à Alger à l'ancien directeur de l'Ecole supérieure des Beaux-arts d'Alger, Ahmed Asselah, et à son fils Rabah, tous deux assassinés en 1994. Pour marquer ce douloureux événement qui avait bouleversé la petite communauté de l'Ecole des Beaux-arts d'Alger, enseignants comme étudiants, une grande fresque collective composée de peintures et de photographies a été réalisée avec le concours des élèves de l'Ecole et des amis de l'ancien directeur assassiné. Près de 700 peintures, photographies et poèmes ont été ainsi rassemblés pour tapisser la salle de conférence de l'Ecole. Composée essentiellement de portraits D'Ahmed Asselah réalisés avec différentes techniques de peinture ou de collage, cette fresque intitulée, «20 ans Asselah», comporte également des témoignages et reconnaissances à « celui qui a permis une confrontation fertile de l'action artistique et de la réalité», ainsi que l'écrit le peintre Denis Martinez pour résumer le parcours de l'ancien directeur. Le souvenir de Anissa Asselah -épouse de Ahmed et mère de Rabah, décédée en 2000- a été associé à cet hommage et a été évoqué par les poètes Samira Negrouche et Abderahmane Djelfaoui qui ont déclamé des poèmes, «contre l'oubli», à la mémoire de tous les «martyrs de l'expression artistique». La musique était aussi au rendez-vous de cette commémoration avec un groupe de percussionnistes nouvellement formé, «Hakim Weshabou», cinq joueurs de jambé qui avaient connu Rabah Salim Asselah, 22 ans, étudiant aux Beaux-arts d'Alger, assassiné en même temps que son père à l'intérieur de cet établissement le 5 mars 1994. La petite scène improvisée a également accueilli une jam session entre anciens et nouveaux étudiants de l'Ecole pour symboliser la continuité de la formation dans cette institution, témoin du passage de grands artistes qui ont fait la gloire de la peinture algérienne. Né en 1940 à Tizi-Ouzou, Ahmed Asselah avait rejoint le maquis suite à la grève des étudiants de 1956. A l'indépendance, il a intégré le ministère de l'Information et de la Culture où il a pris part en 1969 aux préparatifs du premier Festival panafricain d'Alger. Ahmed Asselah a été, tour à tour, administrateur de la troupe «Le théâtre de la mer» de Kateb Yacine, directeur de l'Institut national de musique et directeur de l'Ecole supérieure des Beaux-arts, jusqu'à son assassinat.