Des médecins et spécialistes ont appelé à Oran pour faire du don d'organes une priorité nationale, comme pour le cancer, compte tenu de son importance à sauver des vies. Au cours de la cinquième Journée portes ouvertes sur le don d'organes organisées jeudi dernier par l'association de don d'organes (Biloba) sous le slogan «votre don c'est notre vie», les spécialistes ont indiqué que le nombre de malades en attente de greffes d'organes ne cesse d'accroître en Algérie, d'où la nécessité de penser à faire du don une priorité nationale tel le cancer et lui consacrer les moyens adéquats pour son développement. Le Dr Azzouz Mokhtar, anesthésiste réanimateur à l'EHU d'Oran a souligné que l'intérêt qui devrait être accordé au don d'organes vient du fait que le nombre de malades nécessitant une ou plusieurs greffes est en progression continue, d'où la nécessité de promouvoir le don d'organes en Algérie. Il faudrait, selon lui, améliorer la qualité de services dans les hôpitaux afin de convaincre les donneurs potentiels et la population en général de la sécurité sanitaire garantie en cas de don, et « humaniser» les services concernés par l'opération car le citoyen a peur de rentrer à l'hôpital. Pour cela, il faudrait engager un sérieux travail de communication vis-à-vis des citoyens et occuper l'espace médiatique afin de faire comprendre l'importance de cette action à sauver des vies aux gens et les inciter à y participer. Impliquer les imams dans cette action est un axe très important, ajoute-t-on de même source,«car la réticence de certains vient d'une mauvaise compréhension de la religion car cette dernière n'interdit pas la greffe d'Organes à partir d'une personne décédée». Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs avait émis en 2003 une fatwa autorisant la greffe d'organes à partir d'une personne décédée. «Le prélèvement d'organes tels que l'œil, le rein, l'épiderme ou le cœur d'une personne qui vient de décéder pour les transplanter dans le corps d'une personne vivante pour la sauver est autorisé», selon une fatwa émise par l'ancien président du Haut conseil islamique (HCI). De son côté, la présidente de l'association Bilboa, Mme Kraïba Radhia, responsable du service cytologie au centre Pierre et Marie Curie (Cpmc) du CHU Mustapha Pacha a appelé pour l'encouragement de cet acte noble et principalement les prélèvements sur les morts encéphaliques. «Il faut donner toutes les informations relatives à cet acte afin d'évacuer tous les préjugés, créer le débat autour du sujet au sein de la famille et de la société, surtout que la greffe d'organes est devenue aujourd'hui une pratique médicale bien maîtrisée chez nous en Algérie», a-t-elle déclaré avant de souligner qu'il est «aussi important de sensibiliser les gens et encourager les prélèvements sur les morts encéphaliques», a-t-elle souligné. Un grand travail de communication nécessitant beaucoup de moyens doit être engagé, car la culture de don d'organe n'est pas ancrée dans la société algérienne. D'autres interventions sur «la carte de donneur», «le donneur en état de mort encéphalique» entre autres, ont été animées par des experts de l'association. L'importance du rôle de l'Agence nationale de prélèvement et de greffe d'organes, créée en novembre 2012, a fortement été soulignée. A rappeler que les demandes de greffes ne cessent d'augmenter et qu'elles ont été estimées à 20 000 demandes durant l'année écoulée. S'agissant d'insuffisance rénale, 4 000 cas d'insuffisants rénaux sont recensés chaque année, dont 2 000 seulement suivent des séances d'hémodialyse dans des centres publics et privés, 20 000 insuffisants rénaux sont décédés durant les dix dernières années. Il est à noter que l'Algérie accuse un retard dans l'application des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de greffe d'organes. A titre d'exemple, pour la transplantation de foie, l'OMS recommande une quinzaine de greffes pour un million d'habitants/an, alors que l'Algérie n'a effectué qu'une quinzaine de greffes entre 2007 et 2011. APS