L'Algérie a introduit en 2009 de nouvelles dispositions relatives à l'investissement, dont la règle des 51/49% qui exige un actionnariat national d'au moins 51% du capital social pour tous les investissements étrangers. Les opérateurs étrangers la considéraient au début comme un frein «puissant» à l'investissement. Les hommes d'affaires allemands, français, américains, pour ne citer que ceux-là, n'ont cessé, depuis l'instauration de ladite loi, d'exprimer leurs appréhensions quant à son application. «Il y a des conséquences parfois négatives de la loi de Finances complémentaire 2009 sur les investissements des entreprises allemandes déjà présentes en Algérie. Des entreprises qui veulent investir et entrer en partenariat avec des entreprises algériennes, mais à cause des problèmes dans cette loi de Finances complémentaire, elles sont réservées», déclarait en 2010 la ministre déléguée de l'Economie, de l'Industrie, des Transports et des Technologies de Bavière, Katja Hessel. Des déclarations similaires ont été faites et refaites par les représentants des hommes d'affaires étrangers en Algérie (ministres, ambassadeurs, etc.) pour souligner la réticence de leurs opérateurs à venir investir en Algérie. Mais le gouvernement algérien refusera de faire machine arrière, car il s'agit d'une décision de «souveraineté nationale», argue-t-on. L'ex Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l'a d'ailleurs à plusieurs reprises affirmé : «La règle des 51/49% sera maintenue.» Toutefois, la fermeté de la partie algérienne conjuguée à l'éclatement de la crise des dettes souveraines dans bon nombre de pays du Vieux continent avec comme effet négatif une forte récession économique, poussera les représentants de ces pays à changer de discours. La règle ne constitue plus un frein à l'investissement aux yeux des opérateurs français Prenons l'exemple de la partie française qui, par le biais du directeur de la mission économique Ubifrance, Alain Boutebel, estime que «cette loi a fait peur au début car elle manquait d'explication, aujourd'hui ce n'est plus le cas. Il y avait un problème pédagogique à la base, mais aujourd'hui on a tellement communiqué sur cette règle qu'on peut investir et travailler en Algérie». «Ainsi, la fameuse règle des 51/49%, n'est plus un problème pour les entreprises françaises», selon M. Boutebel qui est allé encore plus loin en disant : «Dans l'ensemble, les entreprises françaises ont une vision à long terme.» La France, faut-il le rappeler, reste l'un des plus importants investisseur dans le pays. En 2012, le stock d'IDE (investissements directs étrangers) français était estimé à 1,94 milliard d'euros, en hausse de 4,5% par rapport à 2011. Il était principalement composé d'investissements dans les activités financières, les hydrocarbures, les industries pharmaceutiques, alimentaires et automobiles. Outre le projet Alstom, Renault Algérie, Lafarge, lancés en application de cette règle, la partie française a conclu, en décembre dernier, à l'issue de la rencontre économique co-organisée par le Forum des chefs d'entreprises (FCE) et l'organisation patronale française Medef International, pas moins de 13 accords de coopération dans différents secteurs, notamment l'industrie, l'énergie solaire et les télécoms. Ces accords portent, entre autres, sur la création de joint-ventures dans le secteur de l'énergie pour la production à terme de panneaux photovoltaïques, et dans le secteur de l'agroalimentaire pour la production de compotes de fruits ainsi que le montage de pièces de rechange pour les machines de conditionnement de la filière lait. Les accords portent aussi sur la construction de bateaux et la création d'une filiale Orange horizons pour la distribution de cartes prépayées de téléphonie mobile. La participation française aux différents salons, comme c'est le cas au 13e Batimac 2014, où plus de 8 sociétés françaises ont marqué leur présence, soit le double par rapport à la précédente édition, témoigne que la règle des 51/49% ne constitue plus un frein à l'investissement aux yeux des opérateurs français. Des opérateurs allemands, portugais, bulgares, italiens... souhaitent investir en Algérie Il en est de même pour les investisseurs italiens, espagnols, bulgares, portugais, lesquels tiennent tous à venir investir en Algérie alors qu'auparavant la fameuse règle leur faisait peur. Prenons ainsi l'exemple du Portugal qui souhaite ouvrir de nouveaux chantiers de coopération avec l'Algérie dans divers domaines et «contribuer activement» au développement économique du pays, selon son vice- Premier ministre, Paulo Portas, qui était en visite à Alger mercredi dernier. Effectuée dans le cadre de la 4e réunion du groupe de travail économique algéro-portugais, la visite de M. Portas s'est soldée par la signature de quatre accords de partenariat dans le secteur de l'industrie. Le Groupe pharmaceutique public Saidal a, ainsi, signé avec la firme portugaise Atral un mémorandum d'entente portant sur la production à terme d'antibiotiques. Le deuxième protocole d'accord a été paraphé par l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) et l'Agence portugaise du commerce et de l'investissement (Aicep) et porte sur l'établissement de relations institutionnelles entre les deux agences pour le renforcement de la coopération économique bilatérale. Deux autres accords ont été, par ailleurs, signés par les entreprises algériennes de céramique Ceramis et Ceramir d'une part, et le Groupe portugais Recer, spécialisé notamment dans l'industrie céramique et la fabrication de carreaux pour le revêtement sol et mural, d'autre part. Le domaine minier aiguise aussi l'appétit des investisseurs étrangers, notamment après la promulgation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. La révision de la loi sur les hydrocarbures a permis, selon le président du comité de direction de l'Agence Alnaft, Sid Ali Betata, une amélioration significative de l'attractivité du domaine minier algérien. Selon ce responsable, des représentants d'une cinquantaine de compagnies étrangères, parmi lesquelles de grandes sociétés internationales, étaient présents à la rencontre tenue début mars et ayant pour objectif de présenter les données techniques et législatives concernant le quatrième appel d'offres pour les opportunités de recherche et d'exploitation des hydrocarbures. Les investisseurs étrangers s'intéressent aussi au marché national des assurances et estiment que la règle des 51/49% régissant l'investissement étranger n'est pas un frein à leurs activités, selon le président de l'Union des assurances et de réassurance (UAR), Lamara Latrous. «La règle des 51/49 est acceptée par les compagnies d'assurances étrangères», selon les dires de M. Latrous. Les hommes d'affaires étrangers ont fini par accepter cette fameuse règle et se sont même engagés dans plusieurs projets en Algérie. Mais qu'en est-il du transfert des technologies et du savoir-faire ? C'est là une tout autre question, qui mérite un traitement à part. B. A.