La course au Palais présidentiel d'El Mouradia entre dans sa phase décisive. Au quatrième jour de la campagne électorale, les six candidats en lice et leurs représentants sillonnent les différentes wilayas du pays pour exposer au peuple algérien leurs projets respectifs et gagner sa confiance. Au cours des meetings animés çà et là, on a relevé une présence appréciable des citoyens. En dépit des nombreux appels au boycott et d'un certain manque d'intérêt pour la chose politique, tous les prétendants à la présidence de la République se sont, en effet, exprimés devant des parterres relativement nombreux. Les permanences et les comités locaux de soutien s'acquittent visiblement bien de cette dure besogne qui consiste à mobiliser les électeurs et à remplir les salles. Ce n'est pas le grand rush, mais les animateurs de la campagne ne désespèrent pas de susciter, au fil des rencontres, un engouement grandissant. Les thèmes abordés jusqu'à présent portent sur divers sujets. La révision constitutionnelle, l'approfondissement du processus démocratique, la séparation des pouvoirs, la consolidation des libertés collectives et individuelles, la lutte contre la corruption et la bureaucratie, l'amélioration des indicateurs socioéconomiques et la prise en charge des attentes du peuple figurent en tête des sujets abordés jusqu'à présent. La campagne du président sortant, se référant à un bilan jugé satisfaisant, se promet de répondre aux nouveaux défis qui se posent avec acuité au pays. À travers une profonde révision constitutionnelle, Abdelaziz Bouteflika, s'engage à mettre en œuvre, avant la fin de l'année en cours, un grand chantier de modernisation et de démocratisation des institutions et des appareils de l'Etat. Processus qu'il compte conduire de manière consensuelle, en associant toutes les sensibilités politiques y compris celles qui appellent aujourd'hui au boycott. Après la stabilisation du pays et la consolidation de son infrastructure de base, Bouteflika se promet de parachever son œuvre en mettant en place les fondements d'un Etat véritablement démocratique, doté d'une économie performante et diversifiée. Son rival, Ali Benflis insiste sur la liberté, la transparence et l'autonomie du système judiciaire. En donnant à la justice toute sa liberté d'action, l'ancien Chef du gouvernement entend lutter efficacement contre la corruption et d'autres fléaux qui nuisent à la crédibilité et à l'autorité de l'Etat. Sur le plan socioéconomique, Benflis croit toujours aux vertus de la libéralisation pour augmenter la production de richesses et la création d'emplois. La candidate du Parti des travailleurs, sur ce sujet précis, plaide au contraire pour la sauvegarde des moyens publics de production, voire la renationalisation des entités privatisées, afin de sauvegarder les intérêts des salariés et ceux du pays qui seraient aujourd'hui mis en péril. Pour preuve, elle cite les difficultés rencontrées par les unités cédées à des opérateurs locaux ou étrangers. Sur le plan politique, Louisa Hanoune promet une deuxième République avec une nette séparation des pouvoirs entre les différentes institutions de l'Etat. Abdelaziz Belaïd, du Front El Moustakbal, promet une transition générationnelle. Il s'estime digne de recevoir le flambeau qu'on a tant promis de passer aux jeunes. Moussa Touati du FNA axe ses interventions sur la justice sociale, la valorisation des compétences nationales et le respect des choix du peuple, seuls garants, selon lui, pour l'édification d'un Etat fort et démocratique. Ali Fawzi Rebaïne de Ahd54 s'engage à opérer des changements radicaux sur le fonctionnement de l'Etat. La transparence, la liberté d'expression, la moralisation de la sphère publique et le libre accès du citoyen aux services de l'Etat sont ses mots d'ordre à ce sujet. Chacun des six candidats reste cependant très attentif aux partisans du boycott qui exigent une transition politique. Abdelaziz Bouteflika et Louisa Hanoune se posent en acteurs déterminés de ce passage à une deuxième République. Ali Benflis estime, lui aussi, qu'il ne diverge en rien avec les boycotteurs. Ali Fawzi Rebaïne, Abdelaziz Belaïd, et Moussa Touati, même s'ils n'adhèrent pas à la démarche du boycott, partagent nombre de revendications mises en avant par les opposants au scrutin. Cette stratégie tente visiblement de vider l'option du boycott de sa substance. Là réside un autre enjeu de la présente campagne électorale. K. A.