Les professionnels de l'agriculture et de l'agro-industrie sont d'avis à libérer le prix du lait en sachet pour permettre aux éleveurs de rentrer dans leurs frais. C'était lors de la conférence-débat avec la presse et les professionnels de l'agriculture et de l'agro-industrie, organisée par la Fondation Filaha Innove et le Sipsa-Agrofood, hier, sous le thème «La valorisation des produits agricoles au profit des consommateurs-Synergie Fertile pour la vie», que les intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de libérer les prix du sachet de lait tout en continuant de soutenir les couches les plus défavorisées. Le Dr Karim Rahal, enseignant à l'université de Blida a d'abord rappelé que l'Algérie n'est pas autosuffisante en production de lait et continue à importer la moitié de ses besoins en poudre de lait, soit l'équivalent de 1 milliard de dollars. Selon lui l'Etat a mis le paquet pour soutenir la filière lait, mais les éleveurs trouvent ce soutien insuffisant. «On le voit sur le terrain, ce n'est pas intéressant de faire du lait à ce prix car les éleveurs travaillent pour gagner de l'argent.» Un autre expert a expliqué que «l'éleveur est déficitaire au quotidien car il perd 250 DA par jour et par vache laitière. Plus encore, il rajoute même de sa poche». Tout en rappelant que l'Etat a pris les dispositions et les mesures nécessaires pour le soutien de cette filière stratégique, ce vétérinaire a déclaré que les subventions de l'Etat «n'arrivent pas directement chez les éleveurs car il y a des déperditions en cours de route». D'où la nécessité selon lui d'aller vers le prix réel du lait en continuant à soutenir les citoyens issus des couches sociales défavorisées. Mme Sabrina Ichou, sous-directrice du développement des filières animales au ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Madr) dit ne pas partager l'idée de libéraliser le prix du lait, même si elle reconnaît que le prix actuel de 25 DA le sachet de lait pose problème. Pour l'heure la subvention de ce produit vital est un passage obligé tant qu'un mécanisme n'est pas encore trouvé pour faire parvenir ce sachet de lait aux gens qui en ont vraiment besoin, soutient-elle. «Il y a tout un travail à faire dans ce sens et je suis de ceux qui sont d'accord pour offrir le lait subventionné gratuitement aux pauvres mais à condition qu'il y ait un système, appelons le de carte de fidélité, de solidarité ou autre.» Pour sa part, le Dr Amine Bensemane, président de la fondation Filaha Innove, organisateur de l'évènement qui a vu débattre de différentes thématiques, entre autres la valorisation agricole et produits du terroir, la filière lait, et l'agriculture familiale, a présenté le Sipsa-Agrofood 2014 et expliqué que cet évènement s'est fixé les objectifs de jouer le rôle de véritable trait d'union entre les différents opérateurs économiques de l'amont et de l'aval du secteur agroalimentaire, et de partager les progrès techniques et technologiques en adéquation avec le secteur agricole et celui de l'agro-industrie, qui est de plus en plus porté par l'innovation. Le Salon international de l'agriculture (Sipsa-Agrofood) se tiendra du 15 au 18 mai prochain au Palais des expositions aux Pins Maritimes. «Cette manifestation agro-économique se veut un moyen efficace de contribution à l'essor et au développement des productions animales, des productions végétales et des technologies de mécanisation de l'agriculture algérienne», a expliqué le Dr Bensemane. B. A