On en voit partout, mais les intéressés n'y trouvent que rarement une légère différence. Dans les petites échoppes du coin ou les grands bazars du centre-ville, on affiche périodiquement des soldes imaginaires rien que pour «appâter» les clients, et mettre du piment dans les affaires. Véritable phénomène mercantile qui revient immanquablement avec le Nouvel An, les ventes promotionnelles demeurent peu réglementées en Algérie. A chaque mois de janvier, boutiques et supermarchés multiplient les annonces, souvent fictives, pour liquider leurs surstocks. Ils usent d'une fausse communication, de plus en plus agressive, pour pousser le consommateur incrédule à délier sa bourse. Des ristournes, qui frôlent théoriquement les 30 et 40%, sont indiquées en grosses lettres sur les devantures des magasins et à l'entrée des stands des superettes, alors qu'en vérité la remise en question ne dépasse pas généralement la barre des 5 à 10%. Cela s'appelle de la publicité mensongère pour ne pas dire de l'escroquerie. Traditionnellement, cette fièvre marchande touchait particulièrement le prêt-à-porter et les denrées alimentaires dont la date de péremption est très proche. Aujourd'hui, la baisse conjoncturelle des prix s'étend aux véhicules et aux produits technologiques dont la valeur est naturellement bien plus élevée. Les pouvoirs publics, à travers les services de la concurrence et des prix, sont appelés à étoffer davantage leurs moyens de contrôle pour protéger les acheteurs et veiller sur le bon fonctionnement du marché. Evidement, cela nuit également aux commerçants intègres, car cette «supercherie» des soldes est, au fond, une forme de concurrence déloyale. Au cours de sa réunion de jeudi dernier, le bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN) a examiné 9 amendements introduits dans le projet de loi portant protection du consommateur et répression de la fraude, pour les soumettre à la commission des affaires économiques, de développement, de l'industrie, du commerce et de la planification. L'initiative est en soi louable, mais les textes, à eux seuls, ne changent rien à la réalité. Il va falloir se donner les moyens nécessaires pour suivre l'application qui en sera faite sur le terrain. Outre ces fameuses soldes de fin d'année, les «offres menteuses» des foires et des quinzaines commerciales sont également dénoncées par les petits détaillants qui y voient, à juste titre d'ailleurs, une atteinte à leurs intérêts et à ceux des clients. La contrefaçon qui gangrène tous les secteurs, y compris l'agroalimentaire et les produits pharmaceutiques, représente, par ailleurs, un risque majeur pour la santé et la sécurité des consommateurs. Les fermetures intempestives et sans avis préalable durant les fêtes religieuses constituent aussi une atteinte aux droits des clients et autres usagers. Les pouvoirs publics, là encore, doivent aussi se saisir de cette lancinante question. On peut effectivement établir des plannings qui contraindraient les concernés à assurer un service minimum obligatoire. On doit pour cela étoffer les effectifs des services chargés du contrôle et de la régulation du marché en mettant à leur disposition la logistique nécessaire. De même, les associations de consommateurs -et la société civile de manière générale-, promptes à réagir lorsqu'il s'agit de dénoncer la hausse des prix, sont également tenues de soulever avec force toutes ces questions pour moraliser, ne serait-ce qu'un tout petit peu, le marché. K. A.