À l'instar ce qui se passe ailleurs, les organisations syndicales en Algérie, regroupant différents segments de la classe travailleuse dont ils défendent les intérêts, fêtent la journée du 1er Mai sous le signe de la revendication sociale. Dans notre pays, la centrale syndicale, l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) n'est plus la seule sur le terrain des contestations sociales. La création et l'émergence des syndicats autonomes, il y a plus de 25 ans (suite à l'amendement de la Constitution en 1989 et des lois 90-14 portant modalités du libre exercice du droit syndical et loi 90-02 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève promulguées en 1990), activant aussi bien dans le secteur public que privé, a changé la donne des négociations avec le monde patronal et les pouvoirs publics. Ces dernières années, le gouvernement particulièrement s'est vu obligé de négocier avec les syndicats autonomes (les cas des secteurs de la santé et de l'éducation sont édifiants), en sus de la centrale syndicale sur certains points. Autrement dit, le pluralisme syndical existe et commence à être intégré dans la vie sociale et politique du pays, mais sans pour autant être une réalité. Pour certains spécialistes, l'intérêt suprême des travailleurs a, à travers plusieurs pays, plus de chances d'aboutir si les divers syndicats participent tous au processus décisionnel aussi bien à l'intérieur de l'entreprise qu'au niveau des pouvoirs publics. Le droits des travailleurs seront que garantis et respectés. Décodage : les négociations collectives sont devenues désormais le fer de lance de l'action syndicale. Pour le cas de l'Algérie, en dépit du fait que les syndicats autonomes prennent de plus en plus de place dans l'espace social, comme en témoignent les mouvements sociaux nés dans la Fonction publique, leur intégration comme partenaires à part entière dans le processus de négociation n'est pas encore concrétisée. Les pouvoirs publics continuent d'accorder le monopole des négociations directes avec les autorités à la centrale syndicale, notamment durant les rencontres «institutionnalisées» telles que les tripartites. Lyes Merabet, du Syndicat des praticiens de la santé publique (Snpsp), a bien schématisé cette situation : «Le pluralisme syndical est un fait avéré, et est devenu un exercice au quotidien depuis l'an 2000, mais les syndicats autonomes se trouvent relégués au second plan puisque les pouvoirs publics refusent de voir en eux des partenaires.» Le dernier rendez-vous raté, dans ce sens, est la récente tripartite organisée en février dernier qui a même provoqué un tollé chez les syndicats autonomes. Ces derniers ont dénoncé leur exclusion, eux qui activent d'une manière légale, et ce, depuis leur création... Cette situation, au demeurant paradoxale, risque-t-elle de perdurer ? Oui, si on se réfère à la façon avec laquelle le gouvernement traite avec ces syndicats. À moins que, cette année, les pouvoirs publics changent de «culture» et d'attitude. S. B.