Mohamed Touileb Le 19 février dernier, une convention portant sur la promotion, la généralisation et le renforcement de la pratique sportive dans le secteur universitaire a été signée entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Un accord rentrant dans le cadre de la mise en application des dispositions de la loi N° 05-13 du 23 juillet 2013, relative à l'organisation et au développement des activités physiques et sportives dans les universités. Une nouvelle tentative pour relancer ce gisement jadis pourvoyeur de champions. Un potentiel mal exploité, une «élite» qui a du mal à franchir certains paliers à un moment donné et l'absence quasi-totale de formation depuis le plus jeune âge ou petites catégories. Un déficit difficile à combler d'autant plus que la pratique sportive scolaire et universitaire, qui tente de figurer à nouveau au rang des priorités pour prendre la place des discours pompeux et sans suite. Un domaine qui ne connaît pas vraiment l'intérêt attendu dans notre pays. Le 10 octobre dernier, le ministre de la Jeunesse et des Sports (aujourd'hui ministre des Sports), Mohamed Tahmi, présidait la cérémonie d'ouverture de la rentrée universitaire 2013-2014 des instituts du secteur de la jeunesse et des sports à l'Institut supérieur en sciences et technologies du sport Rachid-Harraïgue (ex-Ists) à Dely Ibrahim. Des attentes comme toujours et des «désirs» difficiles à cristalliser dans un environnement rongé par l'incompétence, le bricolage et l'inconscience au moment où les différentes disciplines sont en train de couler, et à tous les niveaux, dans les fins fonds de la médiocrité. Parmi les vœux, on notera la nécessité urgente de combler le déficit en matière d'encadrement sportif et de jeunesse afin de se conformer aux normes modernes et réaliser les objectifs visés. Pour cette raison, le patron du MS songe à travailler en étroite collaboration avec le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Le but est de répondre aux clauses du cahier des charges spécifiques aux programmes pédagogiques. Cette initiative devrait permettre la valorisation de la formation au niveau des structures du secteur de la jeunesse et des sports, ce qui, espère- t-on, contribuera à la réduction du temps et du coût de la formation mais aussi permettre aux étudiants, issus des différents instituts, en partenariat avec le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de poursuivre leurs études de doctorat et de renforcer ainsi le corps professoral. Profiter d'un atout jeunesse indéniable La formation. Un mot qui revient dans toutes les discussions ou l'éternel débat. Ces dernières années, ce n'est pas nouveau et une confirmation même, l'Algérie du sport, en manque de repères, ne forme plus et fait du surplace. N'avance donc pas et recule fatalement. Devenu dépendante des connaissances étrangères voire des formateurs importés quand ce n'est pas carrément des joueurs qui ont fait leur graduation, toutes leurs classes dans d'autres équipes nationales, le sport algérien (remarque surtout valable pour l'EN de football) ne trouve pas sa voie pour rebondir. Un mouvement sportif au bord du gouffre, en plein dans la crise. Comme si l'Algérie avait perdu ses talents, ses enfants. Comme si l'Algérie n'avait jamais eu de champions. L'héritage sportif qui a suivi les réformes sportives lors des années 70 est dilapidé et a disparu au fil du temps. Un passé qu'on pleure et un futur dont on a peur. La peur de ne plus pouvoir avancer malgré les moyens humains et financiers colossaux dont l'Algérie dispose. Le sport en Algérie reste dépendant des qualifications d'outre mer ou d'ailleurs avec un rendement parfois proche de zéro. Absolument rien ou presque, en termes d'apport. Et pourtant, l'Algérie a ses enfants, possède des compétences. De grandes personnalités qui ont hissé très haut le drapeau algérien dans différentes manifestations sportives. Entrés définitivement dans le livre d'or d'un sport algérien qui a toujours pu et su compter sur tous ces hommes qui viennent du même milieu mais qui sont surtout les produits du même établissement : l'ex-Institut supérieur des technologies des sports, devenu l'ENS/STS. Une école nationale supérieure sous tutelle pédagogique de l'enseignement supérieur, mais qui dépend du ministère des Sports. Ce qui, de ce fait, astreint l'ENS/STS à suivre les procédures du ministère de l'Enseignement supérieur en termes de formation et de conditions d'admission. L'ISTS comme «laboratoire» S'étalant sur plus de 17 hectares, l'école est dotée de toutes les commodités nécessaires pour bien remplir le rôle de pourvoyeur unique en encadreurs dont l'Algérie manque tant. Des terrains extérieurs de football, volley-ball, basket-ball, gymnases (au nombre de huit), des cabinets méthodologiques et des blocs d'hébergement (deux pour une capacité de 528 lits) pour les internes, constituent le plus gros d'une superbe infrastructure disposant d'un magnifique terrain de foot. Le stricte minimum mais c'est déjà pas mal sachant que les carences en termes d'infrastructures restent conséquentes en attendant que les différents projets lancés par-ci par-là soient mis sur pieds. Par ailleurs, l'institut est concerné par la rénovation de tout le Complexe olympique Mohamed-Boudiaf auquel il est affilié. Les potentiels infrastructurel et humain de cet institut, devenu école, n'ont à cet effet rien à envier à d'autres pays du continent, voire même à des nations où l'on dispose de moyens largement inférieurs mais où les éducateurs sportifs réalisent des prouesses avec des moyens rudimentaires l'instar de la Jamaïque par exemple, devenu pays des sprinteurs, qui s'improvise des machines de musculation dans leurs centres d'entraînements. Le phénomène «collège-sports» N'empêche, dans ce domaine le modèle et l'exemple restent les Etats-Unis d'Amérique. Au point de devenir un phénomène qui a pour nom : «college- sports». Le sport universitaire aux Etats-Unis n'est pas comparable aux autres sports universitaires dans le monde. Les conditions, le niveau et l'intérêt autour du sport universitaire américain sont fantastiques et peuvent être comparés à ceux d'une pratique professionnelle. Au lieu d'être payés sous formes de salaires et primes, les athlètes reçoivent des bourses qui financent leurs études et dépenses de la vie courante. Une véritable plateforme et un souple tremplin pour devenir athlète professionnel. Des athlètes comme Tiger Woods (Golf), Michael Jordan (Basket-ball), Clint Dempsey (Football) et John Isner (Tennis) viennent tous de «collèges» américains. Les meilleurs étudiants-athlètes sont des célébrités, modèles et idoles au point de devenir très populaires sur le campus de l'université! Ils sont âgés entre 18 et 24 ans, pratiquent leur sport dans une atmosphère de rêve et devant des millions de personnes à la télévision. La couverture médiatique est énorme à travers les chaînes de télévision, les journaux et internet. Espn, CBS et ABC transmettent les compétitions de sport universitaire en totalité. La passion pour le sport universitaire est comparable à celle que cultivent les supporters envers leur équipe préférée dans le monde entier. Les résultats de chaque grande école et université sont très importants pour leurs étudiants, fans et pour la culture locale. Les Américains se sentent profondément concernés par la notoriété de l'université et le fait de devenir les meilleurs constitue un véritable prestige. L'intérêt, le nombre de spectateurs, les médias et les sponsors font que le sport universitaire est une industrie à millions. Le sport universitaire est un «big business». Les universités et «colleges» américains offrent différentes sortes de bourses : bourse sportive, bourse d'études (ou bourse académique) et bourse internationale. La meilleure bourse est le «full ride». Un véritable privilège. C'est une bourse complète qui couvre les frais de scolarité, les taxes, le logement, la nourriture ainsi que les livres scolaires. Tout quoi! D'un autre coté, il y a les bourses partielles ou les «partial scholarships» couvrent un pourcentage des frais totaux d'études. Le sport universitaire aux Etats-Unis est donc une façon remarquable de combiner les études supérieures avec le sport de haut niveau et en même temps avoir ses études et son séjour financés sous forme de bourse. Un cercle fermé où les exigences sont fortes, mais qui ouvre pas mal de portes. En Algérie, on cherche toujours celle qui donne sur le chemin des succès. Seulement, la réussite ne tombe pas du ciel et les intentions ne suffisent pas. Il faut les concrétiser dans la réalité. Ça, c'est une autre paire de manches. M. T.