de notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La passion fait toujours la différence et conditionne, en toute chose, le succès. Certes, on doit mettre un minimum de moyens pour réussir un exploit quelconque, mais la motivation prime souvent sur tout le reste. Une personne déterminée et éprise de son activité a pratiquement en son for intérieur l'atout majeur pour aller loin dans ses ambitions propres. On est tenté d'abuser de cet argumentaire pour justifier la formidable percée du judo féminin à Béjaïa. Car, en termes de moyens financiers et d'équipements sportifs, les insuffisances sont énormes. Beaucoup d'écoles n'ont, en effet, ni tapis, ni douches, ni matériel pédagogique. Vocation largement partagée à travers la wilaya, la pratique de cet art martial suscite depuis longtemps l'enthousiasme de la gent féminine. El Kseur, Béjaïa, Aokas et Amizour sont, entre autres, autant de localités où la discipline ne cesse de séduire, particulièrement les fillettes. L'exemple de la championne olympique Soraya Haddad inspire visiblement les filles de la Soummam. Dans les petites salles de proximité, les formateurs travaillent dans des conditions difficiles pour inculquer à leurs disciples les rudiments de cet art de l'autodéfense. Les parents accèdent, non sans difficulté aussi, aux demandes de leurs enfants en consentant à payer les cotisations mensuelles qui servent de prime à l'entraîneur. C'est seulement une fois que le talent d'une l'athlète est amplement confirmé que les clubs locaux pointent pour lui faire signer une licence. Elle sera, dès lors, relativement prise en charge. Là encore, quand cette dernière s'illustre dans les compétitions nationales, d'autres grands clubs, de la capitale notamment, viennent lui faire des offres alléchantes pour s'attribuer ses services. Beaucoup d'observateurs ont été surpris par la brillante performance des seniors-dames de la JM Béjaïa, détenteur de la coupe d'Algérie 2007/2008, mais pour les connaisseurs du milieu sportif local, ce n'était pas du tout une surprise. Les potentialités humaines existaient déjà en profusion bien avant cette consécration. Cela n'amoindrit en rien les mérites des staffs technique et administratif qui ont encadré le groupe de manière professionnelle. Créée fin 2007, la JMB a formidablement réussi son bras de fer face à des spécialistes comme USM Alger et le MCA. Pour son premier exercice, le club compte déjà à son palmarès 12 médailles (filles et garçons), une Coupe d'Algérie seniors dames (5 médailles d'or), trois qualifications aux Jeux universitaires arabes, et une brillante qualification aux Jeux universitaires africains. «A part les moyens humains, on manque de tout. Que faire avec 10 millions de centimes comme subvention quand on manque de salle, de tapis, d'équipement, de vestiaires. Heureusement que la DJS nous a octroyé dernièrement un tapis pour combler un peu les carences. Toutes les personnes qui gravitent autour de l'équipe sont des bénévoles, elles se donnent à fond par amour au judo», déclare Karim Touati, manager et co-entraîneur de l'équipe, au lendemain de ce sacre largement mérité. Le collectif, qui a été reçu entre temps par les autorités locales (wilaya, APC, APW, DJS), bénéficie, désormais, de la reconnaissance des responsables, qui lui ont publiquement promis leur assistance. Pour l'exercice en cours, les dirigeants de la JMB, qui ont déjà gagné le pari de garder toutes leurs championnes malgré les offres alléchantes des ténors nationaux de la discipline, se promettent de renouveler leur prouesse. «A partir de ce moment, nous serons l'équipe à battre : les autres clubs vont nous attendre au tournant ; on tâchera de garder cette cadence et de se maintenir le plus longtemps possible en haut niveau», ajoute le même Touati qui compte beaucoup sur les engagements pris par les autorités pour subventionner les activités de son équipe. L'exemple de la JM Béjaïa n'est pas unique. D'autres formations dans les petites communes de l'arrière-pays ont également des potentialités humaines à faire valoir pourvu que les responsables locaux leur accordent la confiance qu'il faut. Des disciplines comme la boxe, le karaté-do ou le kickboxing comptent beaucoup de talents qui ne demandent qu'à percer. Akbou, Tichy, Chellata, Ighil Ali, Ighil Ouazzoug et le MB Béjaïa sont autant de clubs qui cravachent durement dans ce sens. Avis aux autorités et aux sponsors privés.