L'essor qu'a connu l'industrie agroalimentaire au cours de ces dernières années s'est traduit par le lancement de nombreuses unités de production dans plusieurs filières. Le cas de la filière des boissons est des plus édifiants. En effet, plusieurs opérateurs activent dans ce secteur qui a même enregistré une croissance à deux chiffres de 14%. Cette dernière lui permet d'ailleurs de contribuer à hauteur de 7% dans la production des industries agroalimentaires. Au niveau de l'Association des producteurs algériens des boissons (Apab), on estime que le marché national des boissons reste prometteur, d'autant que la demande devrait continuer à croître, aussi bien pour l'eau embouteillée que pour les jus de fruits et les concentrés de boissons. Toutefois, et comme revers de la médaille, le secteur des boissons en Algérie connaît, lui aussi, de nombreux problèmes. Sur le plan qualité, certains produits introduits dans le processus de production ou/et de transformation, sont entachés d'anomalies. En effet, certains opérateurs économiques ne respectent pas les normes autorisées, en ajoutant notamment des additifs parfois dangereux pour la santé. Les services concernés (notamment ceux relevant du ministère du Commerce), ne cessent d'enregistrer des dizaines d'infractions. Il est utile d'indiquer, dans ce sillage, que ce segment d'activité a connu, à lui seul, un grand nombre d'infractions comparativement aux autres filières de l'agroalimentaire. Ces derniers mois, les contrôleurs relevant des différentes structures du ministère du Commerce ont relevé près d'une trentaine de producteurs qui ont eu recours au surdosage des additifs de surcroît non mentionnés sur l'étiquetage. Exemple, l'infraction la plus répandue est l'utilisation de l'aspartame à la place du sucre. Le motif ? «L'aspartame est moins cher que le sucre, mais il donne au produit un goût très sucré et permet donc de tromper les consommateurs», selon les spécialistes. L'autre problème auquel font face les producteurs de boissons est la pression fiscale, notamment dans la sous-filière des «eaux embouteillées». Au niveau de l'Apab, on ne cesse de plaider pour la révision à la baisse du volume de taxes imposées aux fabricants. Tentant de convaincre la tutelle de «l'irrationalité» des critères pris en considération dans la définition des taxes dans la sous-filière «eaux embouteillées», cette association cite, à titre comparatif, l'Egypte où le taux de taxe est de 0,8%, la Jordanie de 0,12% et la France de 4,8%, alors qu'en Algérie, il est de l'ordre de 15,93%. En plus de l'inconvénient de la taxe, les producteurs se plaignent également de la concurrence déloyale imposée, en toute impunité, par les producteurs informels. Là, il ne s'agit pas de la concurrence des produits arabes importés, mais bel et bien de ceux fabriqués localement. En effet, le réseau informel de production de la boisson s'est renforcé par de nouvelles formes. L'indice du niveau de contrefaçon est l'utilisation de bouteilles de marques connues contenant un breuvage différent. S. B. Des chiffres à retenir : Selon l'Association algérienne des producteurs de boissons (Apab), plus de 17 000 emplois directs et plus de 30 000 emplois indirects avec une évolution moyenne de 7%, ont été créés durant ces 10 dernières années. La même source ajoute que le marché des boissons est constitué à 98% de la production nationale qui est de 3,7 milliards de litres. La production se répartit comme suit : Sous-filière des jus de fruits et des boissons fruitées : 0,5 milliard de litres Sous-filière des boissons gazeuses : 1,8 milliard de litres Sous-filière des eaux embouteillées : 1,2 milliard de litres Sous-filière des boissons alcoolisées : 0,2 milliard de litres.