L'Algérie, attachée aux principes et aux objectifs du Mouvement, s'attelle à leur mise en œuvre et leur promotion. La doctrine du non-alignement est l'un des axes fondateurs de sa politique extérieure et de son action aux plans régional et international. L'adhésion de l'Algérie au non-alignement, et son engagement pour ses idéaux et ses objectifs, remonte aux premières heures de la Révolution de novembre 1954. Elle s'est manifestée dès le lancement des Conférences de la solidarité afro-asiatique et s'est, depuis, forgée à l'aune de la guerre de libération contre le colonialisme français. L'absence d'organisations régionales à l'époque, à même d'assurer l'internationalisation de la question algérienne, et le peu d'audience dont jouissait alors la Ligue arabe ont fait du processus lancé à Bandoeng un allié naturel de la cause du peuple algérien. La Conférence de Bandoeng : c'est dans cette optique que s'inscrit la toute première participation de la délégation du Front de libération nationale (FLN) à la réunion de Bandoeng (Indonésie) en 1955, qui a rassemblé des pays de différents horizons et d'orientations politiques et économiques diverses. La délégation algérienne, composée de MM. Hocine Aït Ahmed, M'hamed Yazid, Hocine Lahouel et Chadli Mekki, a saisi cette occasion historique pour s'adresser aux représentants des 29 Etats et 30 mouvements de libération nationale présents à la réunion et faire ainsi connaître au reste du monde le combat du peuple algérien et la justesse de sa cause. La Conférence de Bandoeng a condamné le colonialisme français et proclamé son soutien sans équivoque au combat du peuple algérien pour son droit à l'autodétermination et son indépendance. Depuis, le soutien du processus afro-asiatique à la cause algérienne est allé en se renforçant, que ce soit à travers la multiplication des reconnaissances du Gpra, l'appui multiforme à l'ALN et à l'appareil diplomatique du FLN. La percée diplomatique réalisée à Bandoeng a permis à la Révolution algérienne de casser la chape de plomb imposée à la cause nationale, au niveau de l'ONU et du Conseil de sécurité, par le colonisateur français et ses alliés. En effet, c'est sous l'impulsion des pays afro-asiatiques, puis ceux des non-alignés, à partir de 1961, que la question algérienne a été inscrite à l'Agenda de l'Assemblée générale et que des résolutions en faveur du droit à l'autodétermination du peuple algérien ont été adoptées. Ainsi, bien avant son indépendance, l'Algérie a apporté sa contribution au Mouvement du non-alignement, à la défense de ses intérêts et à la promotion de ses principes. Par son combat libérateur, qui a largement dépassé les frontières du pays, l'Algérie a illustré dans les faits les aspirations des peuples sous domination coloniale en donnant un contenu concret à leurs aspirations à la liberté et à l'émancipation. En relevant des défis d'une ampleur inégalable et la portée de son combat libérateur, l'Algérie a donné une expression concrète aux principes qui fondent le processus afro-asiatique d'alors et le Mouvement des PNA depuis sa naissance formelle lors du Sommet de Belgrade en 1961. Cette période a donné un retentissement au droit à l'autodétermination des peuples qui a été au centre de l'action des non-alignés et l'une de ses références principales. Ce principe allait d'ailleurs être solennellement consacré, en 1960, par une résolution historique de l'Assemblée générale adoptée à l'aube des indépendances de dizaines de pays africains et asiatiques libérés enfin du joug colonial. Initiée sous l'impulsion des PNA, la résolution 1 514 a offert aux peuples sous domination le socle juridique à leur combat et leur revendication pour l'indépendance. Apport du 4e Sommet d'Alger au Mouvement des non-alignés : la tenue du 4e Sommet des non-alignés, en septembre 1973 à Alger, est venue en guise de reconnaissance à l'engagement de l'Algérie en faveur des principes et objectifs du Mouvement et à sa participation active aux sommets du Caire en 1963 et de Lusaka en 1970. Elle consacre, en outre, l'attachement de l'Algérie pour l'action du Mouvement en faveur des pays en développement et traduira la place de choix dont elle jouit parmi les PNA. Organisé 12 ans après l'indépendance, le Sommet d'Alger a eu un succès retentissant dans la mesure où il a réuni un nombre record de chefs d'Etat et de Gouvernement et donné lieu à des décisions historiques. Revendication d'un Nouvel ordre économique international : cette conférence intervenait dans un contexte marqué non seulement par la poursuite des relents d'un monde bipolaire antagonique mais également par la poursuite, voire l'exacerbation, de la mainmise des pays du Nord sur les leviers de commande du système multilatéral. Une prise de conscience sur la nécessité de la consolidation de l'indépendance politique par la souveraineté des Etats membres sur leurs richesses naturelles et de changement de termes de l'échange plus justes et plus équilibrés prit forme à l'échelle du Mouvement. Cette revendication qui «constitue l'expression la plus élaborée des initiatives du Mouvement», sera cristallisée dans le projet du Nouvel ordre économique international prôné lors du Sommet d'Alger en 1973. Sous l'impulsion de l'Algérie pays hôte du Sommet, elle a pris son expression la plus élaborée et déclarée comme priorité du Mouvement pour les années à venir. Cette position a été entérinée, une année plus tard, en 1974, par l'AG de l'ONU au cours d'une session extraordinaire convoquée à l'initiative des PNA. Lutte contre le colonialisme et l'apartheid en Afrique et solidarité avec le peuple palestinien : à l'occasion du Sommet d'Alger, la solidarité des peuples non-alignés avec les peuples sud-africain, contre l'apartheid, et palestinien, pour le recouvrement de ses droits nationaux, s'est manifestée dans sa forme la plus active. La quasi-totalité des Etats membres ont solennellement rompu leurs relations avec les régimes de Pretoria et de Tel-Aviv. Ce soutien massif du Mouvement a eu des conséquences concrètes une année plus tard au niveau des Nations unies, lors de la 29e session de l'Assemblée générale, présidée par S.E. M. Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères. Pour la première fois, le président Arafat s'est exprimé au nom du peuple palestinien devant l'auguste Assemblée, alors que le régime raciste sud-africain a été exclu de l'AG de l'ONU. En phase avec son soutien multiforme aux peuples d'Afrique australe dans leur lutte contre le colonialisme et l'apartheid, Alger a accueilli, en 1981, une Conférence des non-alignés sur la Namibie. Création du Bureau de coordination : c'est également le Sommet d'Alger de 1973 qui adopta, sur proposition de l'Algérie, la mise en place, à New York, du Bureau de coordination des non- alignés. L'importance de cet organe s'est confirmée d'année en année, en tant qu'organe chargé d'assurer la continuité de l'action du Mouvement entre les sommets et les conférences ministérielles. Le Bureau de coordination anime et supervise les activités des groupes de travail et des caucus des non-alignés, dont il reçoit les rapports. Il examine la position du Mouvement sur les principales questions de l'heure et engage, à travers son président ou la Troïka des PNA, les démarches nécessaires, auprès de l'ONU, du Secrétaire général et du Conseil de sécurité notamment. Il assure également la préparation des échéances (sommets et conférences) des PNA. Processus de revitalisation des PNA : l'Algérie a pris une part active au processus de réforme et de modernisation du Mouvement, entamé lors des sommets de Carthagène en 1995 et de la Havane en 2006. Ce processus vise à doter le Mouvement des outils et instruments à même d'améliorer ses méthodes de travail et l'efficacité de son action. Une série de documents et de décisions ont été également adoptées afin de permettre au Mouvement des non-alignés de contribuer, de façon effective, aux débats en cours dans les différentes enceintes internationales, de renforcer sa capacité de proposition et de consacrer davantage son statut de partenaire crédible dans les relations internationales. L'Algérie assure actuellement la coordination du Groupe de travail des non-alignés sur la revitalisation de l'Assemblée générale. Elle est, de ce fait, le porte-parole du Mouvement et négocie au nom des PNA avec les autres partenaires, en particulier les Etats-Unis d'Amérique, la Russie et l'Union européenne, les projets de documents et de décisions initiés dans le cadre de ce processus. Processus politique par excellence, la revitalisation de l'Assemblée générale vise à rétablir cet important organe plénier de l'ONU dans ses prérogatives telles que prévues par la Charte et mettre ainsi fin aux empiètements du Conseil de sécurité sur ses missions. - Les principaux éléments de ce processus concernent : - La rationalisation des méthodes de travail et de la documentation - La mise en oeuvre des résolutions adoptées par cet organe - Le rôle de l'AG dans la sélection et la nomination du Secrétaire général de l'ONU - Le renforcement du bureau du président de l'AG de l'ONU et de ses capacités institutionnelles.