«Le front diplomatique a joué un rôle aussi important que la lutte armée, dans l'indépendance de l'Algérie», a indiqué l'historien Ameur Rekhila, hier, en affirmant que le FLN a trouvé en la Conférence afro-asiatique de Bandoeng, qui s'est tenue du 18 au 24 avril 1955, une occasion inespérée pour l'internationalisation de la cause algérienne. Lors d'une rencontre animée hier par l'association Machaâl Echahid, au forum d'El moudjahid, l'historien a argué que cette conférence, qui a réuni des pays partageant avec la cause algérienne la lutte pour l'indépendance nationale, notamment l'Indonésie, se devait d'être un «acquis diplomatique» pour la révolution et qu'elle a représenté «le démarrage de la diplomatie algérienne», comme l'ont prouvé les événements qui lui ont succédés, a-t-il indiqué. Pour preuve, trois mois après la conférence, la cause algérienne était introduite aux Nations unies, rappelle-t-il. Un groupe de 14 pays, en majorité arabes, ayant participé à la Conférence de Bandoeng, ont adopté une résolution adressée au SG de l'ONU, lui demandant d'intégrer la cause algérienne dans l'ordre du jour de l'Assemblée générale onusienne. Et la question algérienne est restée présente à l'ONU, de 1955 à 1962, grâce au mouvement afro-asiatique mais aussi, autre élément à retenir, aux évènements qui se déroulaient en Algérie, notamment la lutte armée, dont l'écho atteignait les travées de l'ONU, qui ont facilité la tâche à ce groupe. Cependant, pour en arriver là, il fallait lever l'écueil procédural et juridique qui se posait devant la qualité de la participation du FLN, en tant que mouvement de libération politique, a indiqué Ameur Rekhila. Ce dernier, qui a cité parmi les propositions celle de l'intégrer à la délégation égyptienne, mais elle a été rejetée au profit d'une proposition de constituer une délégation tripartite englobant les mouvements maghrébins. Le FLN n'était pas la seule délégation observatrice, mais il y avait aussi, des représentants de la Palestine, et de Chypre. Lors de son exposé, l'historien a indiqué que la représentation de l'Algérie à cette conférence, est revenue au FLN, face au MNA de Messali Hadj, à travers Chadli Mekki et Ahmed Mezghana, qui voulaient représenter l'Algérie, soutenus par un seul pays arabe, en l'occurrence l'Irak, qui s'est ensuite rétracté et a adopté une position positive à l'égard de la cause algérienne. Aussi, l'historien devait maintenir ses dires, contrairement à l'un des intervenant lors des débats, en l'occurrence Abdelmadjid chikhi, que les messalistes ne se sont pas désisté en faveur du FLN, en avançant la preuve, d'après M'hamed Yazid, qu'ils ont délégué une personne à la conférence en Indonésie, mais qu'elle a été interpellée par les autorités indonésiennes, et qu'elles ont fini par libérer à la fin de la conférence. Selon lui, c'est durant la période s'étalant de janvier à avril, que les autorités égyptiennes sont arrivées à un accord avec la Ligue arabe, sur la formule d'une délégation tripartite maghrébine, sous la direction de Salah Benyoucef, qui représentait le nouveau parti destourien, opposant à Bourguiba. Qu'importe la forme juridique de la participation, mais le plus grand souci de M'Hamed Yazid et d'Aït Ahmed, ce jour là, était d'atteindre la salle des conférences et d'exposer la question algérienne en usant de leur grandes capacités de communication et de conviction. Ce que soutiendra Salah Benkobbi, un ancien diplomate, qui reviendra sur l'apport de la diplomatie à la révolution, indiquant que la révolution du 1er Novembre a accordé une grande importance à l'action diplomatique. Une dimension qui avait été négligée lors des précédentes révoltes populaires qui ont eu lieu depuis que le colonisateur a foulé le sol de ce pays, a-t-il ajouté. 29 pays d'Afrique et d'Asie décolonisés ont participé à cette conférence, qui a marqué l'entrée en jeu d'un troisième bloc, non aligné aux deux blocs, Est et ouest, en conflit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont participé à la Conférence de Bandoeng, en présence des leadersdes deux continents, notamment Djamel Abdennaser (Egypte), Ahmed soekarno (Indonesie), Nehru (Inde), et Chou En lai (Chine). Cette conférence a condamné la colonisation et l'impérialisme en général, et en particulier l'apartheid en Afrique du Sud, et la France qui est la première puissance coloniale en Afrique. Aussi, l'une de ses conséquences est d'avoir accéléré le processus de décolonisation, en encourageant les pays encore colonisés à lutter pour leur indépendance. A. R.