Le mois de juin est habituellement riche en examens. L'édition 2014 sera exceptionnelle. Non en raison de la facilité des sujets présentés aux examens, mais parce qu'il s'agit de véritables examens politiques. Au sortir de l'élection présidentielle d'avril passé, Abdelaziz Bouteflika a tracé la feuille de route politique de l'été. Adoption du programme du gouvernement par les deux Chambres et ouverture du dossier de la révision constitutionnelle. Pour le tout nouveau gouvernement, issu dans sa quasi-majorité de l'administration, l'examen par la turbulente APN, même si les partis qui soutiennent le Président sont disciplinés, sera forcément animé. Les députés qui avaient des ambitions ministérielles, feront tout pour démontrer l'inanité du personnel a priori sans expérience militante. Les contradictions partis politiques-administration seront à l'honneur pour ceux qui estiment qu'à l'aune de la révision de la Constitution, la chefferie du gouvernement doit revenir au parti de la majorité. Abdelmalek Sellal aura beau dire qu'il fût, à l'époque de l'article 120, militant du FLN, cela ne suffira pas aux yeux des amis de Saâdani et de son frère ennemi, Belkhadem. Au Conseil de la nation, l'équipe gouvernementale aura la tâche moins rude. Les observateurs ne considèrent pas cette partie du Parlement comme pouvant influer sur le plan d'action d'un gouvernement. Pourtant, et au regard des nouvelles attributions qui lui seront conférées dans la future mouture, les membres du Conseil mettront toutes leurs forces pour faire comprendre à un exécutif sans réelle couleur politique qu'il devra compter avec eux. L'autre examen est beaucoup plus complexe. Il s'agit de doter l'Etat algérien d'un projet de société et de règles pour régir la vie publique et les droits des citoyens. Cet examen est plus sujet à polémique au regard des clivages qui traversent la société algérienne. Les courants de l'opposition sont d'accord contre le pouvoir, mais s'opposent dès qu'il s'agit de la place de la femme, des religions et des équilibres de pouvoirs. La mission d'Ahmed Ouyahia s'avère plus complexe si la Constitution algérienne doit prendre en compte des positions aux antipodes les unes des autres. Ces trois examens pour l'équipe désignée par le président de la République sont cruciaux pour l'avenir des hommes et des femmes qui aspirent à gouverner le pays. Le parti de l'administration qui a pris le dessus sur les formations politiques, n'est pas sûr de pouvoir gouverner indéfiniment. L'appui et la légitimité du président Bouteflika sont les seuls arguments que le gouvernement puisse faire valoir au Parlement. Abdelmalek Sellal ira défendre le plan d'action issu du programme pour lequel a été élu le Président. Il ne pourra pas se prévaloir d'une quelconque touche si ce n'est sa manière de gérer les affaires. La nouvelle mouture de la Constitution devra, elle aussi, recevoir l'aval du président Bouteflika. Les équilibres sont donc tenus et, encore une fois, les ambitions personnelles des uns et des autres devront être remisées à d'autres examens beaucoup plus difficile et qui ne manqueront pas de survenir. L'Algérie, pour une fois, va connaître un mois de juin riche en débats et en activités politiques. Une occasion pour les partis de redorer un blason fortement terni aux yeux de l'opinion publique. A. E.