La réconciliation des frères-ennemis du Fatah, du président de la Palestine Mahmoud Abbas, et du Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza (depuis 2007), constitue en effet une véritable victoire pour le peuple palestinien. Mahmoud Abbas a intégré à son gouvernement, qui compte 17 ministères, cinq personnalités de la bande de Ghaza, donc du Hamas. Outre ce fait, le nouveau gouvernement palestinien a maintenu le Premier ministre sortant, Rami Hamdallah, qui semble faire le consensus. Mahmoud Abbas, qui a présidé la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement, a déclaré d'emblée que son exécutif travaillera pour la paix et luttera pour mettre fin à toutes les divisions qui déchirent les Palestiniens. Mais les médias israéliens doutent fort de cela. Sur les sites Internet des principaux journaux hébreux, le ton est donné pour un éclatement, dans peu de temps, de ce gouvernement palestinien. Les déclarations de Mahmoud Abbas sont tombées en effet dans l'oreille d'un sourd. Les Israéliens n'y croient pas vraiment. Dans son discours et déclarations à la presse, le président Abbas a promis que «le futur gouvernement rejettera la violence, reconnaîtra Israël et respectera les engagements internationaux, afin de rassurer la communauté internationale sur sa volonté de paix avec Israël». Cela ne semble pas suffire pour rassurer l'opinion publique israélienne, autant que son gouvernement, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. L'homme de droite qui a failli à tous ses engagements envers les Palestiniens et la communauté internationale en bloquant sciemment les discussions de paix a affirmé, dimanche, son intention de boycotter le nouveau gouvernement palestinien. Pis, il est allé jusqu'à lancer un appel à la communauté internationale pour ne pas travailler avec un gouvernement né de la volonté politique des Palestiniens à s'unir pour créer un Etat palestinien indépendant et autonome. «J'appelle tous les éléments responsables de la communauté internationale à ne pas se précipiter pour reconnaître un gouvernement palestinien dont le Hamas est membre à part entière et qui s'appuie sur le Hamas», a déclaré M. Netanyahu lors du Conseil des ministres. «Le Hamas est une organisation terroriste qui appelle à la destruction de l'Etat d'Israël», a ajouté le Premier ministre, selon qui la formation de ce gouvernement «ne va pas renforcer la paix, cela va renforcer le terrorisme». Ses déclarations n'ont pas été perçues favorablement par les Etats-Unis qui jouent le double-rôle de médiateur, mais aussi de soutien quasi inconditionnel de Tel-Aviv. Washington considère le Hamas comme une organisation terroriste mais, à la surprise générale, il ne voit aucun inconvénient de travailler avec le gouvernement d'union nationale, ont rapporté des sources proches du président américain Barack Obama, citées par le quotidien israélien Haaretz. Les Américains justifient leur position par le fait qu'ils n'ont pas avoir des relations directes avec les membres du Hamas, faisant partie de ce gouvernement palestinien, mais directement avec le président palestinien Mahmoud Abbas, qui continue à jouir d'une bonne aura chez les Occidentaux et à l'ONU, en raison de sa volonté politique à poursuivre les négociations de paix malgré les revirements israéliens et la poursuite par Tel-Aviv de ses projets de colonisation en Cisjordanie et à El-Qods occupées. Toutefois, au-delà de toutes ses déclarations conjoncturelles et des avis divergents des uns et des autres, la seule question qui mérite en fait d'être posée est celle de l'avenir de la paix entre Israël et la Palestine, l'avenir d'un processus de paix réduit à néant par Tel-Aviv. Autrement dit, verra-t-on la création d'un véritable Etat palestinien, loin de l'insécurité imposée par Israël et du chantage financier des Etats-Unis qui ont aidé Tel-Aviv à avoir de nombreuses concessions politiques de la part de Mahmoud Abbas ? À la lumière des évènements actuels et de ce qui précède, il est en effet clair que les Palestiniens feront face à un véritable défi, à moyen terme : réaliser une véritable réconciliation pour affronter l'ennemi israélien avec une seule revendication et qui est celle de la reconnaissance par Israël d'un Etat palestinien indépendant et autonome. Mais avec un Hamas qui s'inspire du Hezbollah libanais, en déclarant maintenir son bras armé, malgré sa participation au gouvernement en Cisjordanie, la tâche sera difficile. Car, c'est sur ce point que Tel-Aviv compte jouer pour relancer sa machine de guerre et empêcher toute réussite de l'instauration de la paix entre Israël et la Palestine et empêcher aussi l'instauration d'un climat de paix et de sécurité dans l'ensemble du Proche-Orient, en butte actuellement à des bouleversements géopolitiques déterminants à l'échelle planétaire. L. M.