Ghaza, la plus grande prison à ciel ouvert du monde, est depuis mercredi sous le feu des raids israéliens. Cette agression, que certaines bonnes consciences de ladite communauté internationale s'évertuent à justifier au nom de la légitime défense, s'inscrit in fine dans une stratégie du gouvernement israélien. Benyamin Netanyahu, son premier responsable, qui a neutralisé Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne -il gère uniquement la Cisjordanie- veut donner une légitimité à Hamas. Netanyahu et Avigdor Lieberman, son ministre des Affaires étrangères, ont une seule hantise : apprendre au soir du 29 novembre prochain que Mahmoud Abbas a réussi à convaincre l'Assemblée générale des Nations unies de faire de la Palestine un Etat observateur. Les leaders de Hamas, eux aussi, ne voient pas d'un bon œil cette reconnaissance. « Les démarches de l'Organisation de libération de la Palestine, notamment la demande adressée à l'ONU, sont des actes unilatéraux et irréfléchis. Elles ne reposent pas sur un consensus national et remettent en cause les droits inaliénables du peuple palestinien », déclare, il y a une semaine, le gouvernement islamiste de Ghaza, à l'issue d'une réunion spéciale où certains responsables de Hamas, comme Salah El-Bardawil, ont préconisé le renversement du président de l'Autorité palestinienne. « Nous estimons que les Palestiniens et les Arabes doivent réclamer le départ de ce régime, pour qu'il n'entrave plus une résolution équitable de la question palestinienne », ont-ils avancé pour justifier leur souhait...formulé déjà et publiquement par Avigdor Lieberman. Comme pour faire oublier ce « projet » de l'Autorité palestinienne, Netanyahu a actionné son « Pilier de défense » tout en sachant que cette offensive finira par la conclusion d'une trêve. Comme « Plomb durci » en 2011. Non pas avec l'Autorité palestinienne mais avec l'organisation islamique qui est au pouvoir à Ghaza depuis juin 2007. Le message ? Mahmoud Abbas ne peut prétendre être le représentant du peuple palestinien et...interlocuteur pour la paix. Ce retour au-devant de l'actualité du mouvement islamiste, et au détriment de l'Autorité palestinienne, ne date pas de cette « offensive ». Beaucoup d'éléments s'inscrivent dans l'objectif de reconnaître la légitimité de Hamas sur la bande palestinienne. Et permettre à ce mouvement de réaliser, dans un second temps, son rêve le plus cher : prendre le contrôle du mouvement nationaliste palestinien - voire celui de l'OLP - des mains de ses adversaires laïques. Surtout que le parti de Khaled Mechaâl et Ismaïl Haniyeh qui a obtenu la libération de prisonniers politiques l'an dernier, suite à celle du soldat israélien Gilad Shalit, « pourrait dire qu'il a tiré des missiles sur Tel-Aviv et tué des Israéliens » avec son opération « Ciel bleu ». La grosse question qui reste posée est la suivante : la Syrie et l'Iran continueront-ils longtemps à aider Hamas, dont les chefs s'alignent de plus en plus sur les Frères musulmans au pouvoir en Egypte, Tunisie et Libye ? « Israël doit reformater et réorganiser Ghaza », disait en novembre 2011, Avi Dichter, le ministre israélien de la Défense passive, sans en donner de précisions.