Jamais probablement, dans l'histoire du conflit, une agression israélienne visant les Palestiniens n'aura suscité autant de controverses et tiraillements dans le monde arabe. C'est que les bouleversements dit «printemps arabe» sont passés par là laissant les stigmates les plus mauvais. Les bouleversements qui ont ébranlé une grande partie du monde arabe auront finalement eu leurs effets désastreux sur la question palestinienne. Un amalgame dangereux s'est invité avec plus d'acuité que lors des agressions israéliennes de 2009 et de 2012. Une substitution entre le mouvement Hamas, accusé d'être un appendice des Frères musulmans, qui ne sont plus en odeur de sainteté dans plusieurs pays de la région, et le devoir de soutenir une cause juste, celle d'un peuple qu'on voudrait nier dans son existence. Un peuple qu'on s'échine épisodiquement à massacrer à coups de missiles de F16. Il s'en est trouvé même des médias arabes, terrible nouveauté, se réjouissant que «le Hamas soit châtié par les Israéliens». Et que c'est ce mouvement qui prend en otage le peuple palestinien. Incroyable posture pour justifier le crime et se donner bonne conscience face à un déni de droit. On dédaignera évidement de reconnaître que c'est bien le peuple palestinien qui est visé dans cette énième agression. Chez nous, certaines voix ont été embarrassées par l'indignation systématique des Algériens envers cette injustice qui dure depuis plus de soixante ans. Ces belles âmes invoquent les événements de Ghardaïa comme si l'indignation et la dénonciation du déni doivent avoir des priorités dans le temps et la géographie. Ce qui serait une terrible régression pour un peuple qui a connu une colonisation de plus d'un siècle et qui s'en est débarrassé grâce à la résistance. Le Hamas, mouvement de résistance, est plus un produit de la violence israélienne imposé à tout un peuple depuis des générations. «Nous faisons partie d'un même peuple !», avait répondu presque excédée Leila Shahid, la représentante de la Palestine auprès de l'Union européenne en réponse à une question insidieuse d'une journaliste française sur les «agissements du Hamas». Mais les médias occidentaux, complètement phagocytés par le lobby pro-israélien, jouent comme prévu leur nauséabond rôle de propagande pour le gouvernement Netanyahu. Il est évident que ceux qui accusent le Hamas «d'utiliser des boucliers humains» oublient qu'il est encore plus criminel celui qui bombarde ces même boucliers. Il est aujourd'hui une terrible réalité : Israël est un Etat colonial au dessus du droit international. Les Palestiniens eux restent le seul peuple au monde à se faire bombarder à l'intérieur d'une terre prison. Une situation qui accentue le déshonneur des peuples du monde. Même ceux qui refusent de voir. M. B.