Nasser Hanachi La scène culturelle et artistique en Algérie, dont Constantine précisément, s'est confortée avec l'institutionnalisation de multiples festivals. Danses, musiques populaires du terroir, gnawi , andalou, malouf, sraoui , jazz, théâtre , cinéma,... presque chaque région s'adonne à ses spécificités ou aux initiatives de ses concepteurs culturels pour briller le temps d'une édition .D'Alger à Tizi Ouzou en passant par Constantine, Batna jusqu'à l'Ouest à Sidi Bel Abbès et Oran, le tempo est donné chaque année moyennant un budget énorme dégagé par l'Etat à la disposition des associations, commissariats , directions et offices culturels des quatre coins du pays. En parallèle, la scène tourne en boucle notamment en été, période propice à la détente et la distraction. Un programme quantitatif énorme à donner le tournis s'invite en pareille saison (le plus intensif durant le Ramadhan). Cette panoplie est cependant sujette à grand débat : une disproportion de taille caractérise l'offre artistique en rapport avec l'impact «financier ou audimat». Ce ne sont pas toutes les scènes de production qui affichent complet. La majorité des productions demeurent sans publics. Et la notion de socialisation est ainsi égratignée malgré ce bon vouloir d'étoffer et de distiller le produit culturel à profusion. «On essaye de toucher à tous les goûts à travers les grilles que l'on conçoit», nous dira un animateur local. Du côté de la direction de la culture c'est le même son de cloche qui résonne avec un peu d'ouverture exprimée par les gestionnaires du secteur : «Nous faisons dans la diversité et restons ouverts à toute proposition qui cadre avec la lignée des actions culturelles établies par la tutelle.» La réalité ou plutôt le rush vers tous les chapiteaux est en deçà des attentes. Ce ne sont pas tous les spectacles qui attirent les foules. Même les festivals internationaux (malouf, inchad, poésie féminine) peinent parfois à remplir l'odéon. L'éphéméride de ces trouvailles demeure souvent un exutoire. Mais certains observateurs attribuent cette faiblesse d'audience à d'autres paramètres : il faudra innover et revoir les copies de la plupart des manifestations institutionnalisées afin qu'elles puissent engranger une audience galopante à travers tous les espaces culturels. «En fait qu'y a-t-il de difficile à solliciter les caisses étatiques pour organiser des festivals somme toute budgétisés ?», s'interrogent-ils. Et d'ajouter : «La notion d'impact est carrément bafouée. Jusqu'à preuve du contraire aucun festival ou programme artistique n'a provoqué une appréciation dignement épluchée pour s'en servir à l'avenir. C'est le satisfecit global qui est matérialisé par les responsables de la culture, question de sauver leur exercice annuel ou partiel.» De fait si l'on prenait le cas de Constantine qui totalise pas moins de sept évènements par an, les conclusions sont toutes ornées «d'auto approbations». Une lecture qui ne reflète pas les réelles entrées, si ce n'est le défilement accru des artistes élus, payés rubis sur ongle pour tel ou tel spectacle. Bourrage culturel ! Sans impact à long terme le créneau risquerait des hémorragies financières. D'autant que le mécénat peine à s'introduire faute d'une vulgarisation soutenue. Les antécédentes expériences du ministère quant à l'allégement fiscal au profit d'éventuels opérateurs intéressés par l'acte de sponsoring n'ont pas encore été perçues sur les plateaux. Constantine à l'instar des autres régions de l'Algérie profonde a certes étoffé sa scène culturelle et artistique à la faveur des mannes du ministère. Le plus grand défi reste cependant lié à l'optimisation des cercles d'audiences. Et cela ne requiert pas autant de finance : l'imagination, la créativité et surtout la nécessité d'évaluation en sont les clefs de voûte. C'est l'équation sine qua non pour se targuer un impact de grande mesure. Et un constat sans bavures ! N. H.