Malik Boumati La formule de l'aide à l'habitat rural s'est révélée globalement une bonne solution au problème de logement dans la wilaya de Tizi Ouzou. Devant le blocage que le programme de logement a connu depuis des années et l'exaspération des citoyens de la wilaya, qui ont toujours accusé les responsables de l'Etat de «mauvaise foi», notamment sur l'argument du manque de foncier, les pouvoirs publics ont trouvé la formule de l'aide à l'autoconstruction qui permet aux demandeurs de construire des habitations individuelles sur leurs propres terrains. Cette formule devait contourner le problème de l'indisponibilité du foncier, mais aussi réduire l'énorme exode rural qui a étouffé les grands centres urbains de la wilaya, particulièrement le chef-lieu de wilaya devenu au fil du temps d'une laideur incroyable du point de vue urbanistique et architectural. Mais cette formule a mal commencé dans la wilaya de Tizi Ouzou. À son lancement au début de la décennie 2000, les citoyens obtenaient une aide de 500 000 dinars pour leur faciliter la construction de leur logement. Les premiers couacs ont été constatés dès le début de cette opération, quand des citoyens comptant uniquement sur l'aide de l'Etat s'étaient inscrits en masse pour cette formule qui paraissait avantageuse. Beaucoup de ces villageois s'étaient rendus à l'évidence que cinquante millions de centimes ne permettent pas de construire une maison et que cette somme n'était qu'un apport des pouvoirs publics dans leur quête d'un logement. Avec les conditions requises pour l'obtention de l'aide à l'autoconstruction, dont la première tranche de 20% n'est versée qu'après la réalisation des fondations, les «malheureux» bénéficiaires étaient nombreux à renoncer à construire. 3 600 désistements ont été recensés en 2010. Et dans ces conditions, la wilaya de Tizi Ouzou ne pouvait même pas consommer le quota annuel que lui allouait le pouvoir central. Quelques petites années plus tard, et après une réflexion profonde, les responsables de l'Etat ont décidé de quelques changements qui devaient influer sur le nombre de bénéficiaires et leur capacité de faire aboutir leurs projets de logements. Deux changements seront opérés et qui auront un impact indéniable sur le cours des événements. L'augmentation du montant représentant l'aide de l'Etat, de 500 000 à 700 000 dinars, a été une bouffée d'oxygène pour les bénéficiaires de cette formule d'aide à l'habitat rural. Mais le changement majeur apporté à cette formule d'acquisition de logement reste celui consistant à autoriser les bénéficiaires à réaliser leurs logements au dessus de maisons déjà construites. Au lancement de la formule d'aide à l'autoconstruction, le bénéficiaire était dans l'obligation de réaliser sa maison sur le sol avec toutes les dépenses que les fondations nécessitent, particulièrement pour ceux qui disposent de terrains accidentés, comme c'est le cas pour de nombreux villageois de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette condition a en effet empêché de nombreux habitants de cette wilaya à se lancer dans la réalisation de leur rêve. Ils ont finalement repris espoir avec la suppression de cette condition et nombreux étaient ceux qui ont lancé les travaux de réalisation de leurs logements au dessus (1er étage) des habitations de leurs parents ou de leurs frères. Cela a indéniablement influé sur la consistance du programme de logements de la wilaya de Tizi Ouzou, où la formule de l'aide à l'habitat rural a connu un essor phénoménal au point où l'on dit qu'elle a pu sauver le programme des logements de la wilaya avec pas moins de 63 000 unités réalisées. Le succès de cette formule était tel que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été sollicité pour un quota supplémentaire de 5 000 aides, qu'il concéda en juillet 2013 à l'occasion de sa visite de travail effectuée dans la wilaya. M. B.