«Beau plantage de l'athlétisme algérien au Maroc», dirait l'autre. L'autre a raison, même si l'échec était quasiment prévisible non pas parce que les athlètes sélectionnés n'étaient pas préparés, mais plutôt parce qu'à l'image de l'ensemble des disciplines, l'athlétisme ne se renouvelle plus. Pis encore, il ne se renouvelle plus pour plusieurs raisons. D'abord l'absence d'engouement des jeunes pour une discipline où plus que la volonté individuelle d'arriver, c'est le comportement des responsables qui, passez nous l'expression, tranche en fin de course sur l'avenir du postulant. Autrement dit, les potentialités et les prédispositions des individus comptent en réalité roupie de sansonnet. Ensuite, il y a l'incompétence de l'encadrement technique national dans une discipline où justement les potentialités ne sont pas exploitées et les prédispositions rarement détectées pour la simple raison qu' il n'existe plus de prospection, de vivier scolaire, de critériums régionaux. À partir de ce constat, il relèverait de la crétinerie absolue de croire qu'une discipline, quelle qu'elle soit, puisse se créer et encore moins, dans le cas précis algérien, se réinventer. Vraisemblablement la Fédération algérienne d'athlétisme semble satisfaite de la prestation de ses représentants au Maroc. Elle est satisfaite au même titre que Towfik Makhloufi, champion olympique du 1 500 mètres qui n'arrête pas de revenir depuis qu'il a été déclaré blessé après les lauriers londoniens. Un effacement que dans ces mêmes colonnes nous avons stigmatisé par son étrangeté d'autant plus que tout performer qui se respecte est tenu de rester dans la dynamique qui, auquel cas, l'aurait amené jusqu'aux cimes. C'est-à-dire tout comme Makhloufi qui reste pour l'Algérien lambda, et ce, jusqu'à sa consécration aux JO de 2012 un athlète ex-nihilo. Il n'est pas impensable que ce dernier ne soit qu'un avatar de l'athlétisme comme il a pu s'en trouver par le passé à travers le monde à l'image de l'extraordinaire Bob Beamon et son saut hors du commun réalisé au premier essai à Mexico en 1968. Une performance qui, faut-il le rappeler, avait sur place avait fait saliver les membres du CIO et désespérer tous ceux parmi les athlètes présents et même ceux qui dans les universités américaines notamment s'apprêtaient à épouser la discipline pour la simple raison que le record de l'époque (8,90m)avait très peu de chances d'être battu dans les vingt années à suivre avait unanimement prédit les spécialistes. Il ne le sera effectivement que 23 ans plus tard par Mike Powell à son cinquième essai. Un concours de circonstances exceptionnelles a sans doute aidé Towfik Makhloufi à Londres. Cela arrive et c'est pour cela qu'il est peu probable de le voir revenir à la hauteur de cette performance. En fait, il devrait rester à son vrai niveau, c'est-à-dire un bon challenger. En conclusion et ce n'est aucunement faire un procès d'intention en ce sens aux responsables à hauteur des instances sportives nationales et plus particulièrement à ceux de la Fédération algérienne d'athlétisme, il est plus que certain que la discipline qui n'a jusque là vécu, voire s'est affirmée que par la volonté d'une poignée d'illustres représentants dont le seul est incontestable parce qu'il a duré dans le temps et que surtout il s'est imposé à un moment où le 1 500 mètres était une discipline où ne se côtoyait que les meilleurs spécialistes mondiaux, demeure Nour-Eddine Morcelli. Avant Marrakech, il était question de plus d'une demi-douzaine de podiums. Cela n'a pas été le cas. La fédération va-t-elle se lézarder ? Ses membres dirigeants vont-ils se remettre en question ? Des comptes vont-ils être rendus ? Le ministère de tutelle va-t-il demander des explications ? La réponse coule de source. Il n'en sera rien parce qu'il a d'ores et déjà été décidé qu'au Maroc la participation des Algériens a été honorable. Il suffit juste de se poser la question suivante : à quelle hauteur se situe l'honneur en la matière pour la Fédération algérienne d'athlétisme. A. L.