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Ces étrangers qui ont bien joué leur rôle dans la Tripolitaine
La Libye commémore son indépendance dans le feu et le sang
Publié dans La Tribune le 01 - 09 - 2014

Il y a trois ans, presque jour pour jour, le pays de Omar El Mokhtar, divorce funestement d'un leader en place depuis 42 ans, Mouammar Kadhafi.
Haï à n'en plus pouvoir par le monde occidental parce qu'il aurait été le nec plus ultra des fomentateurs et des financiers du terrorisme international, il a réussi néanmoins à sortir son pays de l'immensité de son désert, de nationaliser ses ressources et construire un Etat de grande prépondérance en Afrique et dans le Tiers-monde. Malgré ses «frasques», souvent reprises en boucle par les médias internationaux, El Kadhafi était un chef d'Etat qui n'a jamais froid aux yeux lorsqu'il s'agit de dire les mots de la réalité aux maîtres des grandes capitales du monde, dans certaines capitales arabes aussi, qu'il disait plus asservissantes sur leurs populations que ne l'étaient les anciens colons.
Mouammar Kadhafi avait des rêves immenses pour un vaste pays de quelques millions d'habitants, excentrique, certes, mégalomane par certains aspects, assez imbu de sa personne, mais il comprenait la nature humaine. Il savait les inclinations psychologiques de la personne dans tous les échelons du statut social, politique surtout. Et il n'ignorait pas que les chefs politiques de l'Occident possèdent un penchant particulier pour la valeur de l'argent afin de
renforcer le pouvoir de leur règne et de le prolonger.
De tous, Nicolas Sarkozy, en sait mieux que quiconque.
Jusqu'à en avoir eu la hantise tourmentée pendant les journées des débats dans le sein du Conseil de sécurité de l'ONU pour décider d'une intervention coalisée contre le régime de Tripoli. Tous les citoyens de la planète ont vu sur le petit écran de quelle manière le leader libyen, invité du chef d'Etat français, quelques années auparavant, a dressé sa tente verte symbolique dans les jardins de l'Hôtel Marigny, résidence officielle des hôtes de l'Etat.
Qui a laissé perplexe aussi bien l'opposition que les partenaires de la droite : «Qu'est-ce qu'il lui prend à la France de recevoir avec faste et grande dignité un grand spécialiste du terrorisme, de la torture, de la séquestration et du viol, l'autorisant de faire ce qu'il veut dans la capitale des droits de l'Homme !» Des informations circulaient que le leader libyen aurait financé la campagne de Nicolas Sarkozy à coup de grosse fortune et que celui-ci lui aurait promis d'agir avec force auprès des Etats influents de l'Occident pour lever l'embargo sur la Libye et de permettre aussi à ce pays d'accéder aux équipements militaires les plus sophistiqués, dans l'armée de terre, de mer et de l'air, dont les fameux Mirages. Le doute se dissipa le jour-même de cet été 2011 lorsque Paris, à la tête d'une sordide coalition, décide d'agir militairement en Libye, pour «sauver les populations civiles, anéantir le régime et établir les bases d'une démocratie salvatrice, avec en arrière-plan la liquidation de Mouammar Kadhafi» mais la planète tout entière a regardé avec quelle facilité il a été lynché, puis affalé par terre, une balle dans la tête, que les chargés de filmer l'action ont évité de montrer la scène de l'impact assassin. D'aucuns n'hésitent alors pas à lever le doute sur une intention consciente du chef de l'Etat français de faire disparaître la personne de l'ancien homme fort de la Libye en même temps que le secret qui le lie à lui.
«Après moi, le déluge»
et le regret de Kadhafi S'il n'y a absolument aucun doute que l'action occidentale en Libye, dans le sillage insurrectionnel dans le monde arabe, appelé «printemps arabe», était motivée par l'intérêt énergétique -où cette fois par rapport à la descente yankee en Iraq-, l'Europe, par le biais de la France qui veut voir de près, n'a pas laissé en reste une bonne partie des Etats arabes, qui n'ont pas perdu une seconde pour nourrir en argent, en armes et en tous moyens logistiques les civils libyens levés contre le régime. Des Etats qui voyaient très mal que Mouammar Kadhafi est capable de revenir à l'air du temps et épouser l'évolution de la marche du monde. On se rappelle qu'au moment de la levée de l'embargo -depuis le «règlement de l'affaire Lockerbie, l'élargissement des infirmières bulgares»- Mouammar Kadhafi est désormais fin prêt et commode à toutes les recommandations internationales prescrites dans le cadre des nouvelles relations avec la Libye. Mais cette volte-face, ce revirement
inattendu, crée la panique chez certains lobbies politiques en Occident, qui ont peur que des dossiers «intimes» se fassent ouvrir et qu'ils éventent des comportements passés dans les coulisses de la politique internationale, capables de compromettre les intérêts personnels du présent, El Kadhafi acquis à la mondialisation. Mais bref, un jour ou l'autre, l'histoire reviendra sur ce que représentait vraiment ce leader et quelles ont été les véritables raisons qui ont poussé des hommes politiques à se débarrasser de lui. Et qui s'en fichent comme de leur première chaussette du devenir des populations libyennes.
Que vont-ils fêter aujourd'hui les Libyens ? Qui va se rappeler El Fateh ? Ce jour du 1er septembre 2014, après la «révolution» de 2011, correspondant au 60e anniversaire de l'indépendance ? Difficile de répondre. Le pays est sens dessus dessous, l'intervention étrangère l'a ébranlé. En moins de trente-six mois, la nation s'ensable de jour en jour et son économie se ruine.
Les revenus pétroliers tombent au dixième de leur valeur au jour de la résolution 1970 de l'ONU du 26 février 2011, préconisant les «règles» d'une intervention en Libye. La crainte et la désespérance habitent toutes les agglomérations, dans toutes les régions et la partition est quasi-imminente. Des milices de fantômes usent d'armes lourdes pour semer la mort sur des civils innocents. Les exécutions, les sacs, les extorsions, les rapts, les viols, sont le lot quotidien.
Les plus grands aéroports sont dévastés et la compagnie libyenne de navigation aérienne (la Libyan Airlines) ne possède presque plus d'appareils.
Le pays ne comporte pratiquement pas de représentations diplomatiques, les personnels y afférant ont quitté la Libye, tandis que les populations, subissant les pénuries de toutes sortes, ne comptent plus sur les gouvernements qui se succèdent.
Le dernier en date s'est replié dans le désert, dans la région de Tobrouk, pour gérer le délabrement et le mouvement des milices, dont il est impossible de contrôler leurs approvisionnements en armes de grande capacité de destruction, causant de terribles menaces dans les frontières, surtout avec celles de l'Egypte, où les vieux démons des frictions anciennes risquent de se réveiller. En un mot, ce 63e anniversaire du Fateh, n'augure pas des jours meilleurs pour la Libye, mais en tout cas, sa situation, ne semble plus intéresser les Occidentaux.
Qui donnent plutôt l'impression d'avoir bien terminé leur rôle et chemin faisant, la majorité des Libyens regrette foncièrement leur ancien Guide. N. B.


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