Photo : Sahel Par Abderrahmane Semmar Les vétérinaires tirent la sonnette d'alarme. Les marchés à bestiaux informels qui ne cessent de proliférer à travers l'ensemble du territoire national échappent, dans leur majorité, au contrôle sanitaire. Ce qui représente un véritable danger pour la santé publique. Et pour cause, sans le contrôle des équipes vétérinaires, rien ne garantit la bonne qualité sanitaire du cheptel, bovin, ovin ou autre, proposé à la vente sur ces aires commerciales qui, pourtant, sont censées être réglementées. Mais, dans la réalité, sur ces marchés, légaux ou informels, l'anarchie impose son règne et les spéculateurs dictent leur loi dans l'impunité. Pis, des bouchers clandestins exercent à l'air libre et s'adonnent à des abattages clandestins sur place. Ce constat amer nous a été confirmé hier par de nombreux vétérinaires que nous avons interrogés à ce sujet en marge du XXe congrès national des vétérinaires dont les travaux ont débuté hier à Alger à l'hôtel El Aurassi. «Ce sont les collectivités locales qui ne jouent pas leur rôle. C'est à elles qu'incombe la responsabilité d'identifier ces marchés et de les mettre en conformité avec l'arrêté ministériel publié dans le Journal officiel en 2000 qui réglemente très strictement l'activité de ces marchés», relève pour sa part Mme Laagoun, directrice des services vétérinaires de la wilaya de Boumerdès. Notre interlocutrice explique que chaque marché à bestiaux doit disposer obligatoirement d'un bureau installé à l'entrée du marché qui doit être mis à la disposition des services vétérinaires et ce, afin de contrôler toutes les entrées des animaux et d'archiver tous les documents relatifs à leur contrôle. En outre, dans ces marchés, un local d'isolement des animaux pour la quarantaine est obligatoire pour permettre un contrôle sanitaire des animaux et déceler toute maladie contagieuse. Aussi, le marché à bestiaux doit être clôturé par un grillage ou une muraille pour éviter les accidents. Le sol doit être également en terre battue, bitumé ou cimenté, facile à nettoyer et à désinfecter. «Malheureusement, toutes ces modalités ne sont pas respectées. Et les APC, qui ont l'obligation de veiller au respect de ce règlement, n'assument pas leur responsabilité. Pis, elles n'identifient même pas les marchés à bestiaux informels qui existent sur leurs territoires», s'indigne encore Mme Laagoun qui nous apprend que rien que dans la wilaya de Boumerdès, on recense pas moins de 3 marchés à bestiaux informels, à l'instar de celui de Boudouaou et de Baghlia. De l'aveu même de nombreux autres vétérinaires, les marchés à bestiaux informels, qu'on n'arrive toujours pas à identifier tant ils sont nombreux, peuvent facilement s'avérer comme des «foyers de maladies à zoonoses», soit des affections transmissibles des animaux vertébrés à l'homme, à l'instar de la leishmaniose, de la brucellose et du kyste hydatique. Pour parer au danger, les vétérinaires préconisent de mettre en place des directions communales à travers lesquelles les vétérinaires urgentistes pourront mettre en place des dispositifs de surveillance, d'identification et d'enregistrement zootechnique à même de protéger le patrimoine animalier national grâce au dépistage en amont des maladies dangereuses.