Photo : S. Zoheir Par Kamel Amghar La célébration de Youm El Ilm (la journée du savoir), qui coïncide avec le 16 avril, s'annonce grandiose cette année. Le cinquantenaire de l'indépendance oblige. Tous les établissements scolaires ont été instruits d'honorer convenablement la mémoire du Cheikh Abdelhamid Ben Badis (1889-1940), le fondateur de la célèbre Association des ulémas musulmans algériens (Auma) en 1931, du temps de l'occupation coloniale. L'Auma avait, pour rappel, joué un rôle avant-gardiste dans l'éveil de la conscience nationale à travers l'enseignement de la langue arabe et la promotion de la culture et des valeurs musulmanes.Ainsi donc, les milieux scolaires se préparent d'arrache-pied pour fêter cet événement de fort belle manière. Les directions de l'éducation des wilayas ont vivement exhorté les responsables des écoles à mettre tous les moyens en œuvre pour garantir le succès des festivités. Chorales, chants patriotiques, spectacles de théâtre, saynètes, concours interclasses et compétitions sportives, le programme des réjouissances est bien étoffé pour répondre aux goûts de tout le monde. Les élèves profitent de cette aubaine pour s'exprimer et décompresser. Les éducateurs se mettent aussi de la partie. L'ambiance et la bonne humeur sont naturellement au rendez-vous. Une fraîcheur exceptionnelle s'est temporairement substituée à la monotonie des journées d'école ordinaires. Les écoliers, dans leur for intérieur, auraient aimé que toutes les journées de l'année scolaires soient aussi bien animées. Et cela nous renvoie évidemment au peu d'intérêt accordé à l'animation culturelle et à l'éducation artistique durant le reste de l'année. Collégiens et lycéens ont, à maintes reprises, dénoncé la surcharge des programmes scolaires, en réclamant davantage d'activités récréatives et ludiques. Cette revendication reste à présent lettre morte et les responsables du secteur de l'Education nationale rechignent encore à recruter des artistes et des pédagogues spécialisés pour animer des ateliers artistiques, des cercles de lecture ou des cours d'initiation à la musique et au chant. Cela est évidemment d'un grand intérêt pour l'épanouissement des élèves. Tous les psychopédagogues sont unanimes concernant l'importance d'une telle initiative dans le développement des facultés de l'enfant. Soumis à des conditions de travail très rudes, les élèves vivent constamment sous pression. Le stress, le tabagisme et la violence à l'école ont atteint le seuil de l'intolérable. Les responsables du secteur, les associations des parents d'élèves et les organisations de la société civile doivent absolument se démener pour extraire les élèves de cette spirale infernale. Il n'y a pas de solutions magiques à cela. L'unique palliatif reste la promotion de l'éducation culturelle et artistique afin d'ouvrir d'autres horizons à ces enfants qui en ont grandement besoin. Cette demande est aussi fortement exprimée en dehors du cadre strictement scolaire. La jeunesse, de manière générale, manque de loisirs et d'animation. Manifestement, les actions conjoncturelles et les commémorations ne suffisent plus. Dans la perspective des Festivités du 5-Juillet, le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de la Culture ont également instruit leurs fonctionnaires de marquer fortement l'anniversaire du recouvrement de l'Indépendance nationale. Galas artistiques, théâtre, cinéma, colloques, semi-marathons et tournois divers se préparent partout. Mais, la continuité fait défaut à ce niveau aussi. Il est plus qu'évident que cette culture du conjoncturel et du provisoire a la peau dure. La culture qui ne s'inscrit pas dans la quotidien, ne rime à rien en définitif. C'est juste une fièvre passagère.