Le retournement et les fluctuations que connaît le marché pétrolier depuis quelques mois ont fini par impacter les recettes d'hydrocarbures, principale source de revenus en devises du pays. Le ministre de l'Energie, M. Youcef Yousfi, en visite de travail avant-hier dans la wilaya de Mostaganem, a reconnu que l'Algérie subit de plein fouet l'impact de la baisse des prix du pétrole depuis le mois de juin dernier. Le représentant du gouvernement, qui confirme cette tendance, officiellement, évalue le manque à gagner à 13%, un niveau qui se rapproche de celui de la chute des prix du pétrole. Le ministre ne s'est pas contenté de relever cet amenuisement mais s'est montré aussi inquiet quant à la rapidité de la chute des prix, assurant que ses services suivent cette situation et étudient les raisons de cette baisse. Cette situation qui fait craindre le pire à l'économie algérienne n'est pas nouvelle, puisque la Banque d'Algérie (BA) a eu déjà à tirer la sonnette d'alarme à maintes reprises quant à la dépendance de l'économie nationale aux hydrocarbures et, par ricochet, aux aléas du marché énergétique. La dernière note de conjoncture de la BA a montré que les exportations d'hydrocarbures se sont contractées de 12% en valeur et de 9% en quantités. Le prix du pétrole algérien s'est établi alors, en moyenne trimestrielle, à 109,55 dollars/baril, en baisse de 2,6% par rapport au premier trimestre 2013 (112,51 dollars/baril). Selon les chiffres de l'Opep, la baisse s'est encore aggravée durant ces derniers mois. Le Sahara Blend, le brut de référence algérien, a chuté ainsi de plus de cinq dollars en août à 100,86 dollars contre 106,74 dollars en juillet en raison d'une abondance de l'offre et d'une baisse de la demande de pétrole. Le pétrole algérien, considéré comme l'un des bruts les mieux cotés du panier Opep a perdu en valeur 5,88 dollars en août, contre une moyenne de 108,35 dollars en 2013. A travers ces tendances, il faudrait s'attendre donc à des déséquilibres financiers beaucoup plus accentués durant le début de ce deuxième semestre de l'année, voire tout le semestre. Des équilibres aux conséquences ravageuses pour une économie mono-exportatrice. Au vu des derniers développements, notamment les rapports mensuels de l'Opep et de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), une réaction de l'Opep n'est pas à écarter dans les prochaines semaines. D'ailleurs, selon la presse internationale, l'Organisation entend agir rapidement pour freiner cette saignée. Abdallah El-Badri, son secrétaire général, a affirmé hier s'attendre à ce que l'Opep abaisse son objectif de production de pétrole lors de sa prochaine réunion ministérielle fin novembre. «Je pense que notre production sera peut-être de 29,5 millions de barils par jour, pas de 30 millions», a-t-il répondu à une question sur un éventuel maintien de l'objectif actuel de 30 millions de barils par jour. Il précisera même que l'objectif de l'organisation «sera réduit, peut-être de 500 000» barils. Au sujet de la baisse de ces deux derniers mois, El-Badri assure : «Je ne pense pas que cette tendance se poursuivra. Nous prévoyons que les cours remonteront avant la fin de l'année», a-t-il déclaré expliquant que les «fluctuations (sont) liées à des comportements saisonniers». S. B.