La Banque africaine de développement (BAD) a publié son rapport annuel 2014 sur ses activités en Afrique du Nord, intitulé «la recherche de l'inclusion». Dans ce document, cette institution souligne combien croissance et développement inclusifs sont nécessaires. C'est notamment parce qu'ils faisaient défaut que des soulèvements ont agité certains pays de la région, début 2011. Avant que n'émerge le Printemps arabe, les cinq pays d'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) ont affiché une performance moindre en matière de croissance inclusive que la moyenne enregistrée dans les autres pays. C'est le constat établi par la Banque africaine de développement dans un récent rapport. Un message on ne peut plus clair est délivré par ce rapport : «Les pays d'Afrique du Nord ont une opportunité historique à saisir. Les dynamiques démographiques continueront de générer une masse de travailleurs sans cesse croissante jusqu'en 2020. Moyennant un marché du travail bien fonctionnel et un climat de l'investissement attrayant, cette dynamique pourrait favoriser une forte croissance.» Même si des progrès, selon ce rapport, sont enregistrés par les économies d'Afrique du Nord, il affirme aussi que «les inégalités entre les groupes sociaux se sont fortement accentuées dans deux domaines : sur le marché du travail et entre les régions. Ce sont ces inégalités qui s'avèrent les principaux freins au caractère inclusif de la croissance. Or, une croissance inclusive dans ces pays permettrait justement un meilleur partage des richesses entre classes d'âges, catégories sociales et entre régions». Le rapport en question n'a pas omis d'aborder d'autres questions importantes. Il s'agit des marchés du travail respectifs de la région qui sont à deux vitesses et marqués par une fracture importante entre secteurs formel et informel. Et même que moins de 50% de la population en âge de travailler participe au marché du travail. Le taux du chômage, lui, avoisine les 10% à travers toute l'Afrique du Nord, ce qui représente plus que la moyenne mondiale. Les femmes, faut-il le noter sont les plus touchées par ce phénomène. «Les jeunes de 15 à 24 ans risquent ainsi d'être trois fois plus au chômage que les adultes de 25 ans et plus. Le chômage est particulièrement élevé parmi les jeunes éduqués et les femmes –celles-ci sont deux fois plus susceptibles d'être au chômage que les hommes, la situation s'avère encore plus grave pour les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, trois fois plus exposées au chômage que les femmes de plus de 24 ans.» Tout le monde sait que «le chômage de longue durée conduit souvent à un retrait du marché de l'emploi, à la pauvreté chronique, à une marginalisation, et, comme l'a démontré le Printemps arabe, à des troubles sociaux». Il y'a lieu de souligner selon le rapport qu' «une forte proportion des travailleurs nord-africains occupe un emploi précaire dans le secteur informel, sans ouvrir le droit à un contrat ni une protection sociale.» Et de citer des exemples du Maroc, de la Tunisie et de l'Egypte dont respectivement 30%, 46%, et 50% seulement de leurs travailleurs sont dotés d'un contrat de travail. Les travailleurs évoluant dans le secteur informel ont de piètres conditions de travail et perçoivent souvent de bas salaires, voire aucun. Le niveau des revenus et d'autres indicateurs de bien-être diffèrent sensiblement en fonction des zones géographiques, au sein même des pays d'Afrique du Nord. Ces différences se reflètent tant dans la qualité des services publics et des aides sociales octroyées qu'en termes d'opportunités d'emploi dans le secteur privé ou d'appui public au développement du secteur privé. Il faut savoir que la BAD reste l'un des tous premiers partenaires de la région, elle y compte plus de 100 opérations en cours d'exécution, financées par des prêts et des dons, pour un montant total de 7 milliards de dollars américains. B. A.