4 151 personnes ont trouvé la mort sur nos routes durant les onze mois de l'année précédente. Le chiffre est effarant. Au-delà d'une hausse estimée à 367 victimes comparativement au bilan de l'an 2007, selon les statistiques livrées par le ministre des Transports devant les députés, c'est plutôt la question de l'incapacité des pouvoirs publics à peser sur le phénomène qui mérite d'être posée à l'heure des bilans annuels. S'il était déjà établi que les séminaires, les journées d'étude et autres colloques tenus à cet effet ne servent qu'à activer des départements en net déphasage avec la réalité de la société, il reste tout de même intrigant que les institutions de l'Etat ne parviennent pas à établir des règles adéquates face à un phénomène aussi meurtrier que les accidents de la route. Nul n'est dupe : la prudence ne se décrète pas. Tout est affaire de comportement et de conscience. Il y a néanmoins tant de choses à faire pour éliminer les sources du massacre routier. Et en matière d'initiative, la tutelle annonce depuis au moins deux ans l'élaboration d'un nouveau code de la route dont la finalité est de réduire le nombre d'accidents. La réforme promise devait toucher aussi bien le facteur humain –mis en cause dans 90% des accidents- que les véhicules et les appareils utilisés dont les propriétaires se sont vu imposer un cyclique contrôle technique. Elle inclut également l'environnement direct du conducteur, c'est-à-dire ce qui a trait à l'état des routes et leurs nécessaires outils, à savoir la signalisation et l'éclairage. Face à une situation d'extrême urgence, le gouvernement semble opter pour la vitesse de la tortue. Un atermoiement qu'exprime le ministre en promettant un alourdissement des peines et un retrait définitif du permis de conduire aux fautifs et ceux qui, par leur transgression du code de la route, provoquent des accidents mortels. Quand le premier responsable du secteur soutient qu'«un avant-projet a été examiné en conseil interministériel sur l'application de la loi, et nous sommes en train de penser à l'alourdissement des peines», il y a sensément des raisons de comprendre que la mise en vigueur de la nouvelle réglementation n'est pas pour demain. Il est, certes, de notoriété publique que l'opération de contrôle technique de véhicules est entachée de complaisance. L'Etat n'a pas la vocation, ni l'attribut, de contrôler le comportement des citoyens. Il est aussi admis que l'état des routes n'est pas, dans bien des cas, étranger à la survenance des accidents de la route. Mais que la tutelle tergiverse dans la neutralisation, par voie réglementaire, des causes avérées des accidents, il y a raisonnablement motif à craindre le pire. La révision du code de la route a ainsi mis tellement de temps pour se concrétiser qu'elle risque de perdre sa raison d'être. A. Y.